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- Lutte ouvrière n°2287
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Dans les entreprises
Chantiers navals STX -- Saint-Nazaire : Pour sauvegarder les emplois il faudra se faire craindre du patronat !
Mercredi 23 mai, une manifestation a été organisée par presque toutes les organisations syndicales présentes à Saint-Nazaire pour protester contre les menaces qui pèsent sur l'emploi dans le chantier naval.
Depuis les manifestations et débrayages de décembre et février face aux premiers licenciements dans les entreprises de sous-traitance, la situation s'est encore détériorée. L'annonce par la direction il y a un mois de l'annulation de la commande de deux paquebots pour l'armateur Viking, suivie de peu par la livraison d'un des derniers gros paquebots en construction, a considérablement accru l'inquiétude chez tous les travailleurs des Chantiers. Hormis les quatre navires en cours de construction, aucune commande n'est annoncée pour la suite, au point que les bureaux d'études et les ateliers de tôlerie sont déjà touchés par du chômage partiel massif et, pour certains travailleurs, sans qu'une date de retour leur soit indiquée.
Chez les sous-traitants, une petite minorité est elle aussi concernée par le chômage partiel. Mais la grosse partie de la baisse d'activité est supportée par les travailleurs en contrat précaire, très nombreux aux Chantiers, qui sont mis en fin de contrat ou renvoyés chez eux lorsqu'ils travaillent pour des entreprises étrangères.
Pour ces derniers, les fins de travaux et les fins de contrats se doublent souvent de coups bas de leur patron. Car les fins de travaux sont aussi l'heure des règlements de comptes entre la direction de STX et les patrons sous-traitants. Et, pour sauver leurs marges, ces derniers n'hésitent pas à se dispenser de verser les derniers mois de salaire de leurs employés. Rien que ces trois derniers mois, sur un seul navire, les travailleurs de quatre entreprises sous-traitantes italiennes n'ont réussi à obtenir le paiement de leurs salaires que grâce à la solidarité des travailleurs locaux, qui ont fait intervenir des délégués CGT des Chantiers.
Quant aux travailleurs précaires mis en fin de contrat, c'est pour presque tous le chômage assuré. Cette situation est connue de tous ceux qui sont encore présents aux Chantiers et elle pèse fortement sur le moral et la combativité.
Se retrouver à 2 000 mercredi 23 mai devant la porte des Chantiers a donc été perçu comme une réussite et un avertissement à la direction et au nouveau gouvernement qui, par l'intermédiaire de l'État, possède le tiers des actions du chantier. La réussite de la manifestation qui a suivi a été due aussi bien à la présence de nombreuses délégations d'entreprises de la région qu'à l'activité des militants, principalement de la CGT, les jours précédents sur les marchés et dans les quartiers de la ville. La manifestation s'est terminée devant la sous-préfecture avec une promesse de rencontre avec le nouveau ministre du Redressement productif.
Après cette manifestation, les discussions ont redoublé aux Chantiers. Nombre de travailleurs pensent que mieux vaudrait avoir à faire à l'État qu'à l'actionnaire coréen STX, qui semble bien lointain et dont les intentions semblent pour le moins obscures. Cela est alimenté par les idées mises en avant par les syndicats et bon nombre de politiciens locaux pour « sauver la navale ». Ainsi la création d'une banque publique d'investissement est présentée comme la solution miracle qui permettrait à la direction des Chantiers de renouer avec les commandes et donc de sauver les emplois. Mais l'arrivée d'argent public bon marché, voire gratuit, comme le dernier versement de 100 millions d'euros de l'État aux Chantiers, n'a pas empêché le patron de STX de continuer à diminuer les effectifs tout en bloquant les salaires.
Pour les travailleurs, il ne sert à rien de chercher comment faire arriver des moyens supplémentaires au patron, pour gagner plus facilement de l'argent sur les commandes. Il faut réussir à imposer qu'il consacre l'argent accumulé sur notre dos à maintenir les emplois, les salaires, quitte à rogner sur ses marges, quitte à puiser sur ses réserves. Et pour cela il faudra que les travailleurs se fassent craindre du patronat comme des pouvoirs publics.