Un véritable changement ne peut venir que de la lutte des travailleurs eux-mêmes09/05/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/05/une2284.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Un véritable changement ne peut venir que de la lutte des travailleurs eux-mêmes

La fête s'est prolongée tard dans la nuit du dimanche 6 mai au lundi, sur la place de la Bastille. Mais si, le lendemain, dans les entreprises la satisfaction a été largement partagée d'être débarrassés de Sarkozy, l'atmosphère n'était certainement pas à l'enthousiasme. Même ceux dans l'électorat populaire qui se sont servis du bulletin de vote en faveur de Hollande pour se débarrasser de l'homme de droite au pouvoir ne nourrissent pas beaucoup d'illusions à l'égard de Hollande. À juste raison.

Car si Sarkozy était le président des riches, Hollande n'est pas pour autant le président des pauvres. Même pendant sa campagne électorale, il n'a jamais pris d'engagement concret à l'égard des travailleurs.

Et il y a eu encore moins d'engagements dans sa déclaration le soir de son élection, où il a surtout enfilé des phrases creuses.

Sarkozy parti, restent les maîtres de l'économie et de la société : le grand patronat, les banquiers, les grands groupes industriels et financiers qui ont fait la pluie et le beau temps sous la présidence de Sarkozy. Comme ils l'ont fait du temps de ses prédécesseurs et comme ils continueront à le faire sous son successeur.

C'est à cette puissance-là que les travailleurs auront à s'opposer s'ils veulent défendre leurs conditions d'existence contre les licenciements, le chômage et l'abaissement de leur niveau de vie.

Et le grand patronat, les banquiers ne feront aucun cadeau. Confrontés à la crise de leur économie, ils continueront leur politique qui consiste à obtenir sur le dos des salariés les profits que le marché n'est pas capable de leur donner. Même pour favoriser la réélection de leur candidat de coeur, Sarkozy, ils ont à peine pris des gants pour licencier et fermer des usines pendant la campagne électorale. Ils n'en prendront pas du tout maintenant que l'élection est terminée.

Ils continueront cette politique jusqu'à ce qu'ils se heurtent à la résistance du monde du travail, à des grèves, à des manifestations puissantes. Mais il faut que ces luttes soient conscientes et visent des objectifs qui renforceraient réellement le rapport de force avec le patronat, en faveur des travailleurs.

Ces objectifs n'ont pas changé avec l'élection d'un nouveau président. Il est urgent, vital, d'imposer l'interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire.

Il est vital d'imposer une augmentation générale des salaires et des retraites et leur indexation sur les hausses de prix.

Il est vital d'imposer le contrôle des travailleurs et des classes populaires sur les comptes des entreprises, pour ne pas laisser le monopole des décisions à une classe capitaliste irresponsable, capable de détruire la société pour augmenter ses profits.

À peine l'élection présidentielle terminée, le Parti socialiste a déjà engagé sa campagne électorale pour les législatives, en cherchant à convaincre l'électorat populaire qu'il est important de donner à Hollande la majorité à l'Assemblée nationale dont il a besoin pour mener sa politique.

Ne nous laissons pas piéger, une fois de plus, par le vote utile. Un député socialiste de plus ou de moins ne changera rien au fait que l'Assemblée nationale est une chambre d'enregistrement impuissante face au pouvoir de l'argent.

La droite, qui se retrouve dans l'opposition, sera d'autant plus virulente qu'elle a ses cinq ans de gouvernement à faire oublier. Et elle sera doublée par l'extrême droite. Le Front national dénonce d'autant plus le système politique qu'il voudrait bien en faire partie en faisant élire des députés. Mais jamais, au grand jamais, il ne s'en prend au système social, à la dictature de la classe capitaliste sur l'économie et à l'exploitation.

Il ne faut pas laisser à la droite et à l'extrême droite le monopole de l'opposition. Il faut affirmer les exigences du monde du travail.

En occupant la présidence de la République, après avoir obtenu la majorité au Sénat et avant une probable majorité à l'Assemblée nationale, le Parti socialiste aura tous les pouvoirs institutionnels. Mais les travailleurs ont toutes les raisons de ne pas lui faire la moindre confiance. Ils ne peuvent pas accepter que continuent les licenciements, l'aggravation du chômage et la dégradation de leurs conditions d'existence.

Lutte Ouvrière, pour sa part, sera présente dans les élections législatives à venir, afin que l'opposition politique au pouvoir socialiste ne vienne pas seulement de la droite, mais de femmes et d'hommes qui sont du côté des intérêts du monde du travail et n'acceptent pas qu'ils soient bradés.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 7 mai

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