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- Lutte ouvrière n°2284
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Québec (Canada) : - Contre la hausse des droits de scolarité, grève des étudiants
Depuis février, près de la moitié des 400 000 étudiants des cégep (classes pré-universitaires) et universités de la province de Québec ont été en grève. Le gouvernement de la province cherche en effet à leur imposer une augmentation importante des droits de scolarité : de 2 168 dollars canadiens par an (1 663 euros), ils passeraient à 3 793 dollars par an (2 910 euros), soit une hausse de 75 % étalée sur cinq ans.
Le prétexte invoqué par le gouvernement de la province est que cette hausse permettrait un meilleur financement des établissements, ce qui améliorerait la qualité de l'enseignement.
Déjà contraints de régler des droits élevés pour accéder à des diplômes universitaires, 57 % des étudiants de la province doivent s'endetter lourdement. Cette nouvelle hausse ne passe donc pas, et de grandes manifestations l'ont clairement affirmé, notamment le 22 mars à Montréal, où les étudiants, rejoints par des enseignants, étaient 250 000 dans les rues. Beaucoup d'autres ont suivi sans que le gouvernement prenne en compte la protestation des étudiants. Lundi 7 mai s'est déroulée la quatorzième manifestation nocturne, trois jours après celle de Victoria, où se tenait le congrès du Parti libéral du Québec, aux commandes de la province. À cette occasion, la violente répression policière a fait deux blessés graves.
Le refus de la hausse, la dénonciation de la mauvaise gestion des universités et pour certains la gratuité des études figurent dans les revendications des grévistes. Pour leurs représentants, une augmentation des frais de scolarité entraînerait mécaniquement, malgré les prêts et les bourses, une diminution de l'accès aux études supérieures.
Pour toute solution, le gouvernement a avancé un projet de RPR (remboursement proportionnel au revenu) qui permettrait à des étudiants plus nombreux de s'endetter, et aux universités de faire de plus en plus appel à des fonds privés. Rien qui calme la colère étudiante. Et devant la mobilisation, le Premier ministre Jean Charest et la ministre de l'Éducation ont proposé un étalement de la hausse... sur sept ans au lieu de cinq. « C'est pas une offre, c'est une insulte », ont clamé aussitôt dans la rue des milliers de manifestants.
Contrainte de recevoir les représentants syndicaux des étudiants, la ministre a bien vite annoncé qu'une « entente » avait eu lieu et qu'il fallait cesser la grève. Mais parallèlement, le PLQ avait tenu à rassurer ses députés : « Le gouvernement maintient intégralement les hausses dans l'entente-cadre ».
Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que, à part deux établissements qui ont repris les cours et adopté l'accord, des dizaines de milliers d'étudiants aient revoté à de fortes proportions la grève, pas dupes des propositions qui se résumaient à une diminution des frais et non des droits par eux-mêmes.
Viviane LAFONT