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- Lutte ouvrière n°2284
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Fonderie du Poitou Aluminium - Ingrandes (Vienne) : Renault ne veut rien lâcher ? Les fondeurs non plus !
Depuis le 19 avril, date à laquelle le tribunal de commerce de Nanterre a confirmé la reprise de l'entreprise par Saint-Jean Industries, un bras de fer est de nouveau engagé entre les travailleurs de la fonderie d'Ingrandes et des patrons qui tentent de se défausser de leurs engagements.
Sur les quelque 450 travailleurs encore à l'effectif de la fonderie, Saint-Jean Industries ne s'est engagé à maintenir que 390 emplois. Mais du moins pouvait-on espérer que les emplois supprimés le soient sur la base du volontariat, bien des travailleurs de plus de cinquante ans ou d'autres ayant des projets de reconversion ne demandant pas mieux que de quitter la fonderie, pour peu qu'une prime supralégale conséquente leur soit versée.
Mais, en dépit des engagements pris au tribunal, Renault, le donneur d'ordre quasi unique de la fonderie depuis qu'il l'a ouverte lui-même en 1980, prétend à présent être quitte en versant une misérable prime de 13.000 euros !
Renault s'était engagé par écrit à verser 2,8 millions d'euros. Mais voilà que, selon ses avocats, ce serait pour couvrir non seulement les primes supralégales, mais également les primes conventionnelles et les actions de formation ! Il ne resterait donc qu'un million à répartir entre les éventuels volontaires au départ. Autant dire qu'on est loin du compte et qu'à ces conditions ces derniers seront peu nombreux.
Les fondeurs sont d'autant plus en colère que Renault vient d'annoncer un investissement de 750 millions de dollars dans le groupe automobile russe Avtovaz et qu'il a fait 2,14 milliards d'euros de bénéfices en 2011. Que Renault ose refuser à des travailleurs qu'il prive d'emploi le minimum qui leur permettrait d'échapper à la misère, qu'il ose leur envoyer à la figure que « la fonderie, ça commence à bien faire »... oui, ça commence à bien faire !
Les travailleurs ont donné un premier coup de semonce en débrayant massivement le 27 avril. En se mettant en grève pour 24 heures le 4 mai à l'appel de l'intersyndicale, ils ont réaffirmé que c'est une prime supralégale de 50 000 euros qu'ils revendiquent et que, à défaut, ils s'opposeront à tout licenciement.
Renault et les administrateurs comptent sur le fait qu'en principe, entre la décision judiciaire et la reprise effective par Saint-Jean Industries, il ne peut légalement s'écouler qu'un mois. Un mois durant lequel c'est l'AGS (Assurance garantie des salaires) qui prend en charge financièrement les salaires des futurs licenciés. Le 18 mai tout devrait être fini, selon les administrateurs. Pour tenir ce « timing », il faudrait que le 9 mai le comité d'entreprise entérine la suppression des soixante postes et la conversion de ces suppressions en départs volontaires. Des volontaires qui auront alors jusqu'au 11 mai pour se faire connaître officiellement, afin que leur licenciement leur soit signifié le 15 mai.
C'est dire que les pressions sont fortes pour que les travailleurs de la fonderie se résignent. Mais, depuis ce 13 juillet 2011 où leur patron d'alors, le groupe Montupet, leur avait annoncé un plan de baisse des salaires de 25 %, ils ont su déjouer bien des pièges et serrer les coudes. Alors, comme ils le disent, que Renault paye, ou que Saint-Jean garde tout le monde ! « Ils ne veulent rien lâcher ? Nous non plus ! »