À Renault Douai, les directeurs ont l'habitude d'organiser des grand-messes pour s'adresser à tout le personnel de l'usine (5 000 travailleurs actuellement) en plusieurs réunions.

Cette année, fin avril, les réunions du directeur avaient clairement pour objectif de dramatiser au maximum la situation, dans la perspective de l'arrivée de nouveaux modèles, ceux que Renault appelle les 15/40, c'est-à-dire des modèles vendus actuellement entre 15 000 et 40 000 euros.

En plus du Scenic, l'usine devrait produire à partir de 2014 les futures remplaçantes des modèles haut de gamme. Tout cela se prépare, du point de vue patronal, en exigeant du personnel qu'il se donne à fond, qu'il se surpasse, qu'il arrive à l'excellence, on en passe et des pires.

La direction ayant choisi de miser sur la concurrence inter-usines du groupe, elle a expliqué « qu'on était derrière Nissan à Sunderland en Angleterre et Palencia en Espagne, pour l'instant, mais l'objectif est de passer devant ». Le directeur avait apporté un film à l'appui de ses dires, un montage présentant la même opération (habillage d'une porte et pose d'un rétroviseur) filmée dans les trois usines. En surimpression, trois chronomètres qui donnent le temps. Et à chaque fois, c'était Douai qui perdait la course !

Le message est clair : il faudra travailler plus, plus vite, et mieux.

L'effet sur les travailleurs présents n'était pas celui recherché. Cela fait des années que la direction organise des chantiers Kaïzen, à savoir des pseudo-études destinées soi-disant à améliorer le travail en le réorganisant, mais qui aboutissent à chaque fois à supprimer des postes et alourdir la charge de travail de ceux qui restent.

De nombreux débrayages ont eu lieu, assez suivis, pour lutter contre ces chantiers Kaïzen. Alors, la direction peut remballer son cinéma !