Une manifestation de plusieurs milliers d'étudiants diplômés ne trouvant pas d'emploi a été violemment dispersée, samedi 7 avril, dans le centre de Tunis.

Venus de toutes les régions à l'appel de l'Union des diplômés chômeurs, les manifestants s'étaient rassemblés devant le siège du syndicat UGTT, avant de se diriger vers l'avenue centrale de la ville, interdite à toute manifestation. Ils scandaient : « À bas le gouvernement ! », « Travail, liberté, dignité ! », reprenant les mêmes slogans qu'en janvier 2011, lors du soulèvement qui avait fait fuir le dictateur Ben Ali.

La police, « déchaînée » d'après l'un des organisateurs, a alors tiré des gaz lacrymogènes, chargé et frappé les manifestants. Une vingtaine de blessés ont dû être évacués. Le dirigeant de l'Union des diplômés chômeurs a dénoncé une sauvagerie policière digne du temps de l'ancien dictateur face à des jeunes « venus manifester pacifiquement pour l'emploi, la liberté et la dignité, car rien n'a changé depuis la révolution ».

Le taux de chômage est officiellement de 19 % dans le pays, dont près d'un quart de diplômés. Les manifestants réclamaient des emplois, ainsi que des allocations chômage équivalentes au salaire minimum tunisien, soit 150 euros environ. Mais le gouvernement, dirigé par le parti islamiste Ennhada, montre toujours le même mépris pour les aspirations de la population à vivre dignement. En Tunisie, la véritable « révolution », la révolution sociale, est encore à faire.