Sernam : La reprise par Geodis ; un écran de fumée13/04/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/04/une2280.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sernam : La reprise par Geodis ; un écran de fumée

On a appris le 10 avril que Geodis devrait maintenir son offre de reprise de la société Sernam... avec des centaines de suppressions de postes à la clé. C'est ce que les patrons appellent un sauvetage de l'emploi, à supposer que cette annonce tienne après les élections.

Le Sernam (Service national des messageries) a été longtemps le service de transport de colis et de bagages de la SNCF. Mais, pendant que le transport ferroviaire était de plus en plus remplacé par le transport routier, infiniment plus pollueur et plus risqué mais plus rentable, la libéralisation des chemins de fer suivait son cours. Le Sernam a été privatisé en 2005 et ses actionnaires, entre autres un fonds d'investissement, considèrent maintenant qu'il ne leur rapporte plus assez et retirent leurs capitaux. Le fait que plus de 1 400 emplois -- 2 900 si on considère aussi les emplois indirects, selon les syndicats -- soient menacés de disparition n'est apparemment pour eux qu'un dommage collatéral.

Un seul repreneur s'est manifesté : Geodis, très grosse société de messageries et de transports routiers, filiale de la SNCF, qui est paraît-il selon le ministère des Transports « le premier à avoir pris des clients au Sernam ». Mais Pierre Blayau, le PDG de Geodis, ayant déclaré que « la liquidation de Sernam ne serait pas dramatique », ne semblait pas pressé de conclure.

En cette délicate période électorale, le gouvernement lui a fait comprendre qu'il faudrait accélérer les choses. La justice, puisque l'affaire passait le 10 avril devant le tribunal de Nanterre, aurait demandé à Geodis de revoir le volet social comprenant une reprise de seulement 826 salariés et d'augmenter sa proposition de prix pour la reprise du fonds de commerce, qui passerait à 500 000 euros au lieu de... 96 euros !

Dans cette affaire, les considérations financières et politiques s'entremêlent, le gouvernement cherchant à éviter les fermetures d'entreprises avant les élections, quitte à les mettre en oeuvre après, et Pierre Blayau, réputé proche du candidat socialiste, n'étant sans doute pas pressé d'obtempérer.

Quant aux travailleurs du Sernam, ils ne peuvent compter ni sur le gouvernement de Sarkozy, meilleur soutien des actionnaires, ni sur Pierre Blayau, ancien PDG de Moulinex, qui a su quitter le navire à temps avec une confortable prime de départ, en laissant derrière lui une entreprise ruinée et des salariés dont la majorité sont encore au chômage.

Que le gouvernement change ou non, il faudra que les travailleurs se défendent bec et ongles pour protéger leur emploi contre les patrons et les politiciens qui les servent.

Partager