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Dans les entreprises
ABB -- Chassieu (Rhône) : En grève contre la suppression de l'équipe de nuit
Depuis lundi 2 avril, une trentaine de salariés de l'usine ABB de Chassieu, dans la banlieue lyonnaise, sont en grève et bloquent l'accès aux camions. Ils s'opposent à la suppression de l'équipe de nuit, avec la perte des primes correspondantes, soit une baisse de salaire de 30 % pour ceux qui acceptent le reclassement en journée.
ABB n'est pas une PME en difficulté : ce groupe helvético-suédois est un des leaders mondiaux de l'électromécanique et emploie 120 000 salariés dans une centaine de pays. En 2009, le groupe avait déjà licencié 540 personnes dans le pays, dont 96 à Chassieu, où l'on fabrique des contacteurs pour les voitures.
C'est en septembre dernier que la direction a révélé cette restructuration aux salariés de Chassieu. Vingt-cinq des trente-cinq travailleurs de nuit concernés ont refusé de passer en journée, estimant une telle perte de salaire inacceptable. D'ailleurs, c'est parce que les salaires sont insuffisants que des travailleurs acceptent de sacrifier leur santé en passant leurs nuits à l'usine. Différentes actions se sont succédé depuis l'annonce : diffusions de tracts à l'attention des travailleurs des autres équipes, débrayages, rassemblements. Elles ont permis quelques aménagements, comme le maintien à 100 % du salaire pendant trois mois. Mais cela n'a pas fait reculer la direction, qui a décidé de licencier ceux qui refusaient le passage à la journée.
Lundi 2 avril, une trentaine de travailleurs ont donc décidé d'entrer en grève reconductible pour exiger de meilleures conditions de salaire pour ceux qui accepteraient le passage en journée et 40 000 euros de prime pour ceux qui choisiraient de partir. Depuis, ils occupent le site jour et nuit, bloquant l'accès aux camions mais laissant passer les travailleurs non grévistes. Deux fois par jour, des débrayages d'une heure sont organisés en soutien à la grève et la collecte organisée à l'entrée de l'usine rencontre un certain succès.
Face à la détermination des grévistes, la direction a choisi l'épreuve de force. Huit grévistes sont assignés en référé au tribunal de grande instance de Lyon pour entrave à la liberté du travail. Un comble, quand on sait que la direction veut licencier 23 ouvriers ! Mercredi 4 avril, une trentaine de cadres accompagnés par des apprentis en alternance, qui ont besoin de l'aval de leur chef pour valider leur stage, se sont rendus aux piquets de grève pour provoquer. La direction a fait le tour des ateliers en essayant d'opposer les grévistes aux non-grévistes. Mais l'attitude arrogante des patrons s'est retournée contre eux puisque, à l'heure du débrayage, ce n'était pas une dizaine de salariés qui venaient manifester leur solidarité comme les jours précédents, mais une soixantaine.
Cependant vendredi soir, à la veille du long week-end de Pâques, les grévistes ont décidé de suspendre leur grève. Quelle que soit la suite du mouvement, ils auront affirmé haut et fort qu'un groupe comme ABB, qui accumule les bénéfices depuis des années, aurait largement les moyens de garantir tous les emplois avec le maintien du salaire intégral, prime de nuit incluse.