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- Lutte ouvrière n°2279
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Leur société
Interdire les licenciements, c'est possible !
Interdire les licenciements serait impossible, répondent certains au programme mis en avant par Nathalie Arthaud. Mais lorsque le chômage atteint près de 10 % de la population active, lorsque le travail précaire touche la quasi-totalité des jeunes travailleurs et presque tous ceux qui retrouvent du travail après avoir été licenciés, lorsque des centaines de milliers de travailleurs de plus de 50 ans se retrouvent sans travail, avec la certitude de ne jamais en retrouver un et de dériver rapidement vers la misère, c'est un drame social qui nécessite un traitement d'ensemble.
L'interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous, mais aussi l'obligation d'embauche des travailleurs précaires s'imposent. Et ces mesures doivent s'appliquer à l'échelle de toute la société.
Car enfin cette économie, qui a mis sur la touche des millions de travailleurs utiles, continue à fonctionner, la production est réalisée, les bâtiments sortent de terre, les trains roulent et les malades sont soignés. Seulement tout cela se fait d'un côté avec moins de travailleurs, mais contraints à des rythmes infernaux, et moins de dépenses publiques, plus de profits et plus de cadeaux de l'État aux capitalistes de l'autre.
Qu'est-ce qui changerait donc si on réintégrait les quatre millions de chômeurs dans les entreprises et les services publics, si on interdisait aux patrons de se servir des intérimaires comme variable d'ajustement ? La vie de tout le monde du travail d'abord, sur lequel ne pèseraient plus cette menace permanente, cette démoralisation et cette coupure artificielle entre ceux qui ont encore un emploi et ceux qui courent après. Le travail serait moins pénible, puisque réparti entre plus de bras, et le service public serait mieux à même de remplir sa fonction. Les caisses de retraite, d'assurance maladie et de chômage s'en porteraient évidemment mieux. Bien entendu, le budget public devrait être réorienté : une plus grande partie consacrée aux salaires des travailleurs utiles, une moindre ou rien du tout à aider les parasites nuisibles de la haute finance, par exemple.
Bien sûr, les profits privés seraient aussi diminués, dans des proportions qu'on ne peut pas deviner à l'avance. Mais il y a largement de quoi faire : ceux des quarante sociétés dites du CAC 40 représentent à eux seuls déjà plus de 70 milliards d'euros cette année, sans parler des bénéfices accumulés.
Le patronat a toujours décrété impossible, sous peine de ruine générale, ce qu'il ne voulait pas faire : depuis l'interdiction du travail des enfants jusqu'à l'instauration d'un salaire minimum, depuis les lois sur l'hygiène jusqu'à celles sur la retraite. Tout a été impossible, jusqu'à ce que les travailleurs l'imposent par la force. Il pourrait en être de même pour l'interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous.