Crise de la zone euro : Les spéculateurs encaissent05/04/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/04/une-2279.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C172%2C231_crop_detail.png

Dans le monde

Crise de la zone euro : Les spéculateurs encaissent

Alors qu'en France les candidats aux élections présidentielles, de Le Pen à Mélenchon en passant par Hollande et Sarkozy, font comme si la page de la crise financière était tournée, les ministres des Finances des dix-sept États de la zone euro se sont réunis le 30 mars à Copenhague pour un énième sommet de crise.

Ils se sont mis d'accord pour porter à 800 milliards d'euros le montant des fonds dits de sauvetage, destinés à venir au secours des États qui, mis en difficultés financières par la spéculation, se trouveraient dans l'impossibilité de rembourser tout ou partie de leurs dettes aux banques créancières.

Il s'agissait de tenter de démontrer la solidarité financière des dix-sept États de la zone euro, pour dissuader les spéculateurs qui parient sur leurs divisions, et pour « rassurer les marchés ».

Or l'accord du 30 mars résulte d'un compromis obtenu, selon la presse, « au terme de difficiles négociations » entre d'un côté les États dits de l'Europe du Nord -- l'Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande -- qui voulaient plafonner ce montant à 500 milliards d'euros et, de l'autre, les États dits de l'Europe du Sud -- la France, l'Espagne et l'Italie -- qui voulaient le porter au double, 1 000 milliards d'euros.

Les ministres des Finances se sont livrés à un tour de passe-passe, additionnant les 500 milliards d'euros dont sera doté le futur Mécanisme européen de stabilité (MES) et 300 milliards d'euros correspondant en fait à de l'argent déjà octroyé ou promis par le Fonds européen de stabilité financière (FESF), pour aider la Grèce, l'Irlande et le Portugal à rembourser leurs banquiers.

Le FESF avait été créé en mai 2010, au moment où a éclaté la crise de la dette grecque. Depuis, la spéculation s'est étendue à l'Irlande, au Portugal, à l'Italie et à l'Espagne... Alors que le FESF était une structure à durée déterminée (trois ans), le MES qui lui succède est une structure anti-crise permanente, à durée indéterminée. Ce qui revient pour les gouvernements de la zone euro à reconnaître que, loin d'être finie, la crise de la zone euro n'en est sans doute qu'à ses débuts.

D'ailleurs, pendant que les ministres des Finances de la zone euro négociaient leur pare-feu anti-spéculation, les investisseurs, ou plutôt les spéculateurs, eux, prenaient la dette de l'Espagne pour cible principale. Ils ne relâchent pas leur pression afin de continuer envers et contre tout de prélever leur dîme sur des économies malades. Et c'est bien cette dictature du capital financier qui promet de continuer à enfoncer les pays européens dans la crise.

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