Accident sur une plate-forme Total : Les apprentis sorciers05/04/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/04/une-2279.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C172%2C231_crop_detail.png

Leur société

Accident sur une plate-forme Total : Les apprentis sorciers

Depuis le 25 mars, du gaz s'échappe de la plate-forme pétrolière Elgin, située en mer du Nord, au large de l'Écosse. Total, qui tirait gloire du « succès » que représentaient le forage et l'exploitation d'un gisement de pétrole et de gaz situé à 5 300 mètres au-dessous du niveau de la mer, n'a pas de solution pour arrêter cette fuite et, en attendant d'en trouver une, un gaz toxique et explosif continue de s'échapper.

Déjà, fin février, des travailleurs s'étaient inquiétés d'une surpression anormale dans une conduite de gaz sur un puits fermé depuis près d'un an, et ils avaient à plusieurs reprises alerté la direction de Total. Après avoir commencé par minimiser le danger, la compagnie a ensuite attendu dix jours avant de tenter de « tuer le puits » en y injectant de la boue, sans succès.

Total se félicite qu'il n'y ait eu aucune victime lors de l'explosion. Mais pendant un mois, alors qu'elle connaissait le risque, elle a exposé sciemment la vie de centaines de travailleurs de cette plate-forme et de celles d'autres compagnies pétrolières à proximité. Et cela pour ne pas perdre une goutte de production : le gisement d'Elgin-Franklin, nommé « le puits de l'enfer » par les travailleurs, est très rentable puisqu'il représente à lui seul 2,5 % de la production de Total, qui évalue entre 3,5 et 5 millions de dollars le manque à gagner causé par jour d'arrêt. Le profit avant la sécurité, c'est ainsi que fonctionne ce géant du pétrole, responsable en 1999 de la marée noire engendrée par le naufrage du bateau-poubelle Erika et, bien pire, de l'explosion en 2001 de l'usine AZF de Toulouse.

La soif de profits conduit les grandes compagnies pétrolières à aller chercher le pétrole et le gaz à des profondeurs extrêmes, où la pression et la température sont très élevées. Total envisagerait même de battre un nouveau record en exploitant des gisements situés à 6 000 mètres de profondeur. Mais visiblement il l'a fait sans attendre de dominer suffisamment la technique pour maîtriser tous les risques, en tout cas sans engager les frais nécessaires pour cela. Le groupe pétrolier n'avait pas prévu la possibilité d'une fuite, et il se révèle incapable de la colmater, tout comme BP il y a deux ans sur la plate-forme Deep Water Horizon, dans le golfe du Mexique.

Ces gens-là, qui contrôlent un secteur clé de l'économie, sont des irresponsables et des nuisibles. Les travailleurs de la plate-forme Elgin, qui s'inquiétaient du fonctionnement défectueux de la conduite de gaz, se sont montrés plus compétents et responsables que leur direction qui, tant qu'elle l'a pu, a minimisé les risques pour empêcher ses actions de baisser en Bourse !

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