À Rouen le 15 mars : « les fabricants de chômage sont ici »22/03/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/03/une2277.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

La campagne de Nathalie Arthaud

À Rouen le 15 mars : « les fabricants de chômage sont ici »

200 personnes ont participé, le 15 mars, au meeting de Nathalie Arthaud à Rouen. Elle s'en est pris notamment au « produire français » brandi comme une panacée par la plupart des candidats.

« Avec la remise en cause de Schengen, avec le retour des frontières, Sarkozy nous promet un immense retour en arrière. Ce qu'il a encore complété avec des couplets protectionnistes.

Des couplets protectionnistes que l'on retrouve chez tous les autres candidats. De Le Pen à Montebourg en passant par Bayrou, Hollande jusqu'à Mélenchon ils trouvent tous le moyen de pousser leur petit cocorico. Le « produire en France » est devenu la réponse à tout.

Eh bien, ils participent chacun à leur niveau à lanterner les travailleurs. Parce que les licenciements, les fermetures d'entreprises, c'est aujourd'hui que ça se passe. Et il y a une mesure à mettre en oeuvre, d'urgence : l'interdiction des licenciements, et pour cela, nul besoin de réviser je ne sais quel traité européen, nul besoin de tirer des plans sur la comète. C'est une mesure qui pourrait être imposée immédiatement. (...)

La concurrence étrangère, la concurrence déloyale, c'est leur échappatoire. Montrer du doigt l'étranger, les autres pays, c'est une façon commode de dédouaner les capitalistes que l'on a en face de nous, ceux qui sont responsables des licenciements et des fermetures d'usines !

Les fabricants de chômage, on les a sous la main, ils sont ici, ils sont à portée de colère des travailleurs. Il ne faut pas nous en laisser détourner. Si on ne veut pas que les luttes soient emmenées vers des voies de garage, c'est à eux qu'il faut demander des comptes.

Et puis parler de « produire français » est stupide. On va produire français avec le pétrole français ? Tout ce qui est produit, chaque objet fabriqué, l'est avec des matériaux, des technologies et des pièces qui viennent des quatre coins du monde. Il n'y a pas de « produit industriel français ». Les entreprises elles-mêmes sont détenues par des capitalistes du monde entier et aujourd'hui, en France, un salarié sur quatre travaille pour l'exportation. Les échanges internationaux c'est comme la circulation sanguine, si elle s'arrête il n'y a plus de vie !

Que certains, à gauche, présentent le « produire en France » comme un mot d'ordre pour les travailleurs est une escroquerie en plus d'être stupide. Parce que dans cette économie qui est-ce qui décide de produire ? C'est vous ? C'est moi ? Ce sont les patrons ! Et quand ils décident de produire en France ce n'est pas pour nos beaux yeux, c'est pour faire des profits.

C'est eux qui ont le pouvoir de décision. C'est eux qui en jouent du « produire français », ils savent faire le chantage aux subventions, le chantage aux exonérations de cotisations sociales. Et quand ils touchent ainsi des millions d'aides publiques, c'est de nos poches que ça sort. Et cela va directement enrichir les profits privés. Alors les travailleurs qui se laissent prendre à ce mot d'ordre ne font que tirer les marrons du feu pour le patronat.

Si les travailleurs veulent reprendre le contrôle de leur emploi, de leur salaire et de leur avenir, il ne faut pas qu'ils comptent sur la bonne volonté patronale. Et encore moins sur leur patriotisme car la seule patrie que les patrons connaissent, c'est leur portefeuille et leur coffre-fort. Regardez les exilés fiscaux ! Regardez le succès des paradis fiscaux !

Alors non, les travailleurs doivent se concentrer sur leurs revendications à eux, sur leur emploi, leur salaire et leur retraite. Ils peuvent peser de par leur force collective sur les décisions patronales et s'ils veulent reprendre en main la direction de l'économie, s'ils veulent avoir leur mot à dire sur comment la production est organisée, eh bien, il faudra qu'ils exproprient la classe capitaliste.

Avec ce genre de discours contre les étrangers, avec les discours protectionnistes tout le monde sert la soupe à Marine le Pen, de la droite jusqu'à la gauche.

Le protectionnisme, la démondialisation sont la version moderne de la propagande nationaliste qui était dans le passé, le terrain de prédilection de l'extrême droite. Que ces idées soient aussi véhiculées à gauche ne changent rien au fait que c'est un poison pour les exploités. (...)

Pour la classe ouvrière, il n'y aura d'issue qu'à travers des luttes pour défendre ses intérêts propres, qu'à travers la conscience d'être à l'échelle du monde une seule et même classe exploitée. »

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