Martinique : Procès de Ghislaine Joachim-Arnaud22/03/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/03/une2277.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Martinique : Procès de Ghislaine Joachim-Arnaud

C'est le procès d'une caste possédante et exploiteuse qu'il faut faire !

Le 29 mars en Martinique, la cour d'appel de Fort-de-France doit juger en appel Ghislaine Joachim Arnaud, secrétaire générale de la CGTM, dirigeante de l'organisation communiste révolutionnaire antillaise Combat Ouvrier et porte-parole, en Martinique, de la candidate de Lutte Ouvrière à l'élection présidentielle, Nathalie Arthaud.

Le tribunal correctionnel de Fort-de-France avait, en mars 2011, condamné en première instance notre camarade à 3 000 euros d'amende, 1 euro de dommages et intérêts ainsi qu'à publier le jugement dans la presse, sur plainte de l'association Collectif DOM.

Cette association, dirigée par un des principaux capitalistes de l'île, reprochait à Ghislaine Joachim-Arnaud d'avoir écrit en créole, dans le livre d'or d'une émission de la chaîne de télévision ATV qui l'avait invitée en tant que l'une des principales animatrices de la grève générale de février-mars 2009 : « Matinik sé ta nou, Matinik a pa ta yo, an band béké volè, nou ké fouté yo dewô ! » Cela signifie : « La Martinique est à nous, elle n'est pas à eux, une bande de békés voleurs, on les mettra dehors » et c'était l'un des slogans les plus populaires de la grève générale, slogan scandé à maintes reprises par des dizaines de milliers de manifestants durant les 38 jours du mouvement.

Le terme béké, en Martinique, désigne les gros possédants, la plupart étant blancs et même descendants des anciens propriétaires d'esclaves. Vouloir faire croire que Ghislaine Joachim-Arnaud, dont toute la vie témoigne du combat pour la liberté, la justice sociale notamment, aurait, comme le dit le jugement de 2011, incité à « la provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence » à l'encontre des békés « en raison de leur origine ou de leur appartenance ou non-appartenance à une ethnie, une nation ou une race déterminée », c'est vouloir dire que le racisme serait du côté des descendants d'esclaves et non pas du côté des héritiers des propriétaires esclavagistes. C'est le monde à l'envers !

En réalité, c'est tout à fait révélateur du monde des possédants de la Martinique, de la peur qu'ont eue les békés et ceux qui les servent devant la colère, le combat des travailleurs et finalement de la grande majorité de la population de l'île.

Alors, bien sûr, ils n'ont pas les moyens de faire passer en jugement des centaines de milliers de manifestants, de grévistes, d'hommes et de femmes, jeunes ou non, qui ont tenu les mêmes propos que Ghislaine Joachim-Arnaud. Mais les possédants veulent se venger de la peur de classe qu'ils ont éprouvée. Et, en la personne de notre camarade, c'est le symbole du combat des travailleurs pour une Martinique et une société débarrassées des exploiteurs de tout poil que les nantis cherchent à atteindre.

C'est un jugement de classe contre les travailleurs et les pauvres de Martinique, et en faveur des riches, des possédants, les békés, qui a été rendu en première instance. C'est pourquoi notre camarade et ses avocats ont fait appel.

Le 16 mars, à la Bourse du travail de Paris, deux animateurs de la CGTM et du comité de soutien à notre camarade, une de ses avocates, ainsi qu'un représentant de la CGT venu apporter le soutien de la Confédération et de Bernard Thibault, ont tenu une conférence de presse. Tous ont souligné le caractère politique, de classe, de ce procès, le fait qu'il oppose deux camps : celui des travailleurs à celui des possédants, les békés, et la nécessité de tout faire pour que la cause des opprimés ne soit pas une nouvelle fois bafouée en justice.

Le Comité de soutien à Ghislaine Joachim-Arnaud, la CGTM ainsi que Combat Ouvrier appellent « les exploités noirs et de toutes couleurs » à venir manifester devant la cour d'appel de Fort-de-France, à Tartenson, jeudi 29 mars à 8 heures. Lutte Ouvrière s'associe totalement à cet appel.

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