Les prix de l'essence ne font qu'augmenter et battre des records. On a même vu le litre de sans-plomb atteindre deux euros dans des stations de Paris intramuros. La faute en revient bien sûr aux distributeurs, dont les supermarchés, qui vendent plus de 80 % de l'essence et augmentent leurs marges. Mais les raffineurs, c'est-à-dire les compagnies pétrolières, ne sont pas en reste et augmentent aussi leurs marges.

En dix ans, de 2001 à 2011, les marges des distributeurs et des raffineurs ont augmenté de près de 46 % pour un litre de sans-plomb (14,3 centimes) et de 89 % pour un litre de gazole (16,9 centimes). Et pour les trusts pétroliers, comme ExxonMobil, Total ou Shell, qui vendent des millions de litres d'essence, cela représente des centaines de millions d'euros supplémentaires pompés dans les poches des automobilistes et qui viennent arrondir leurs bénéfices déjà colossaux. En 2011 ExxonMobil a annoncé 41 milliards d'euros de bénéfices, en hausse de 35 %, et Total ferait presque figure de parent pauvre avec seulement 11,4 milliards d'euros, ce qui en fait quand même la première entreprise du CAC 40.

Mais quand on passe à la pompe on remplit aussi largement les caisses de l'État, qui récupère les montants de deux impôts, la TVA et la TIPP, payés de la même façon par le travailleur, obligé de prendre sa voiture tous les jours du fait de l'insuffisance des transports en commun, et par le millionnaire, qui ne compte pas à la dépense. Ces deux taxes représentent environ la moitié du prix du litre.

Devant cette flambée des prix de l'essence, on a vu les candidats à la présidentielle faire mine de se pencher sur la question. Sarkozy a déclaré ne pas pouvoir diminuer les taxes, car ce serait aggraver le déficit de l'État, et Hollande a proposé de bloquer temporairement les prix de l'essence, sans préciser la durée de ce blocage. Mais aucun n'a songé à l'idée pourtant toute simple que, pour faire face à la hausse des prix de l'essence et d'ailleurs de tous les prix, il faut augmenter les salaires et les pensions et les indexer sur les prix. Ce serait la seule solution pour mettre un coup d'arrêt à la dégradation du pouvoir d'achat des classes populaires. Mais manifestement ce n'est pas un sujet qui les préoccupe.