La Poste : Malgré la série de suicides La direction maintient sa politique22/03/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/03/une2277.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste : Malgré la série de suicides La direction maintient sa politique

Après les deux récents suicides de postiers en Bretagne, faisant suite à celui d'une employée des Chèques postaux quelques mois auparavant, le directeur général de La Poste, Jean-Claude Bailly, a décidé d'envoyer une lettre aux quelque 280 000 postiers. Contrairement à ce qu'avait indiqué la presse, il n'annonce ni une remise en cause, ni même la suspension des suppressions massives d'emplois en cours et des réorganisations continues qu'elles entraînent. Bien au contraire.

Après avoir fait distiller auprès de la presse l'information, aussitôt reprise, que le directeur de La Poste, ému par les suicides, allait prendre une mesure de suspension des réorganisations en cours, Bailly a mis les choses au point de façon provocatrice dans une lettre aux postiers. « J'ai reçu les organisations syndicales et je les ai écoutées. J'ai partagé avec elles la nécessité de poursuivre la dynamique d'adaptation de La Poste », déclare-t-il. Non seulement Bailly ne change rien au plan de dizaines de milliers de suppressions d'emplois dans lequel il est engagé, mais il présente cela comme une demande des organisations syndicales, alors que celles-ci lui avaient demandé au contraire un moratoire, c'est-à-dire une suspension de ses plans.

Quant à la situation actuelle, pour Bailly tout va bien, puisqu'il affirme : « La Poste a déjà mis en place de nombreuses actions pour accompagner individuellement les postiers. »

Quant à la grande annonce promise, c'est une vraie farce : « J'ai décidé de lancer dès maintenant un grand dialogue sur la vie au travail, avec l'objectif de renforcer la cohésion sociale et le bien-être au travail. » Mais, pour que personne ne se fasse la moindre illusion, Bailly précise à nouveau : « Pendant cette période, l'adaptation de l'entreprise ne peut s'arrêter. Une entreprise, cela se dirige en donnant du sens et du mouvement, pas en lui demandant de faire une pause. » Voilà la conception de ce que ce monsieur appelle le « dialogue social » et la réponse qu'il adresse aux dirigeants syndicaux. La seule suspension décidée jusqu'en septembre est... la mise en place de l'actionnariat salarial, dont tout le monde se moque et qui n'a rien à voir avec les problèmes en cours.

Les postiers savaient déjà à quoi s'en tenir, face à leur direction qui les traite comme de simples pions, leur demande toujours plus de sacrifices et, en prime, affiche son mépris permanent non seulement vis-à-vis d'eux mais même vis-à-vis des règles élémentaires du droit du travail. Plus de dix mille suppressions d'emplois en 2011, encore au moins autant en 2012 : voilà à quoi il faut mettre un terme de façon définitive et sans délai.

Quelle va être la réaction des directions des fédérations syndicales de La Poste face à une telle provocation ? En tout cas les postiers, qui sont indignés de la lettre de leur patron et de ce qu'elle annonce pour l'avenir, ne manqueront pas de faire savoir haut et fort ce qu'ils pensent.

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