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- Lutte ouvrière n°2272
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Continental : L'unité des travailleurs contre les actionnaires
Vendredi 10 février trois cars remplis de travailleurs de l'usine Continental-Clairoix dans l'Oise débarquaient en fin de matinée devant l'usine Continental de Sarreguemines, à 400 kilomètres de là. Il s'agissait de s'adresser à leurs camarades et aux militants et travailleurs de Moselle qui avaient répondu à l'appel conjoint du Comité de lutte de Clairoix, du syndicat CGT de Continental Sarreguemines, et de l'union locale et départementale de la CGT.
Même si le froid extrême avait entraîné quelques défections, l'essentiel des 150 travailleurs qui s'étaient inscrits étaient présents le matin avant 6 heures devant l'usine de Clairoix.
En allant à Sarreguemines, il s'agissait de réaffirmer la volonté des travailleurs de Clairoix d'exiger de Continental le respect des engagements pris de reclasser les quelque 300 travailleurs de l'usine encore sans solution à l'heure actuelle. Cela vaut aussi pour l'État, garant de cet accord.
Mais c'était aussi l'occasion de réaffirmer la nécessité absolue de l'unité dans la lutte de tous les travailleurs de Continental et, au-delà, de refuser les diktats et le chantage des patrons, pour défendre les emplois, les salaires et les conditions de travail de tous.
Les travailleurs de Continental Sarreguemines continuent à payer au prix fort les appétits sans limites des actionnaires : cadences infernales et, pour les nouveaux embauchés et les 370 intérimaires nouveaux contrats avec des horaires déments, travail sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Le but est de faire monter la production à 40 000 pneus par jour, c'est-à-dire rajouter à la production antérieure l'équivalent de 80 % de la production qui était faite par les 1 120 travailleurs de Clairoix, et avec moins de 400 personnes en plus. D'ailleurs les travailleurs des équipes VSD, qui travaillaient ce jour-là, reprochaient qu'aucun mot d'ordre de grève n'ait été lancé pour cette journée, comme ils l'espéraient. Mais ce n'est que partie remise.
La direction craignait que la venue des travailleurs de Clairoix n'encourage la contestation des ouvriers de Sarreguemines, dans un climat qu'elle sait explosif. Et les pressions qu'elle a exercées ont porté puisque les syndicats, à l'exception de la CGT, n'ont pas voulu s'associer au rassemblement.
Le délégué central CGT de Continental Automotive (l'autre branche de Continental), venu de Toulouse, a rappelé comment les 2 500 travailleurs des trois usines du Sud-Ouest ont résisté victorieusement au chantage de la direction de Continental, encouragés par la lutte des travailleurs de Clairoix. Étaient présents aussi à ce rassemblement des délégations des anciens mineurs de Sarreguemines, de l'usine Total de Carling et d'ailleurs. Et quand le Comité de lutte a réaffirmé la nécessité absolue pour les travailleurs de surmonter les fausses divisions qu'on tentait de dresser entre eux, c'était bien un sentiment partagé. Le message a pu passer auprès de bien des travailleurs de Lorraine et de Picardie, puisque les équipes de FR3 des deux régions ont largement couvert l'événement.