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- Lutte ouvrière n°2271
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Editorial
Leur spectacle dérisoire et nos exigences vitales
Sarkozy a donc réussi à mobiliser Angela Merkel pour sa campagne, histoire de montrer qu'il bénéficie de la considération de la chancelière de la première puissance européenne. Trois jours avant, c'est une autre démonstration qu'il a voulu faire. Il a visité un chantier de construction de logements à Mennecy dans l'Essonne, pour montrer qu'il est un président populaire, voire un fan des ouvriers. Une centaine de personnes l'attendaient en rang d'oignons, des ouvriers en tenue de chantier et des cadres coiffés de casques. Mais sa démonstration a fait flop lorsqu'un reportage a signalé que la centaine de travailleurs qui l'avaient accueilli étaient surtout des figurants, car seuls une trentaine d'ouvriers travaillent d'ordinaire sur ce chantier. De plus, étant donné le froid de canard, même ces trente travailleurs il a fallu les réquisitionner.
Beaucoup de cinéma donc pour pas grand-chose ! Ce n'est même pas la mauvaise qualité de la mise en scène qui est en cause.
Sarkozy est un des serviteurs de la bourgeoisie des plus cyniques, des plus méprisants aussi vis-à-vis du monde du travail. Aucune simagrée à deux mois de l'élection ne fera oublier à l'électorat populaire tous les mauvais coups que Sarkozy et sa majorité ont portés aux travailleurs, du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite jusqu'à la récente décision d'augmenter la TVA, l'impôt le plus injuste qui soit et qui frappe surtout les plus pauvres.
La haine envers Sarkozy est si largement partagée dans l'électorat populaire que tous les sondages prédisent sa défaite électorale. Les travailleurs n'ont cependant pas beaucoup de raisons de se réjouir.
Hollande est le rival qui a le plus de chances de lui succéder. Oh, on a l'habitude des promesses des hommes politiques avant les élections, aussitôt oubliées dès qu'ils sont élus ! Mais Hollande ne promet même pas, car il ne veut pas que la moindre promesse soit prise au sérieux et que, s'il est élu, les travailleurs lui demandent des comptes.
Rien contre le drame que représentent les licenciements, y compris et surtout dans les grandes entreprises dont les profits sont élevés. Rien sur les salaires, même sur le smic.
Hollande voudrait simplement qu'on vote pour lui afin d'empêcher la réélection de Sarkozy. Mais qui peut garantir qu'il ne mènera pas la même politique, voire, si la crise s'aggrave, une politique d'austérité plus grave encore ? La politique menée, quelle que soit l'étiquette du président de la République, sera celle exigée par le grand patronat face à la crise.
Que l'on se souvienne qu'en Grèce, c'est un gouvernement socialiste qui a pris des mesures d'austérité draconiennes, jusqu'à ce qu'il perde tout crédit et qu'il soit contraint de céder la place à d'autres, y compris l'extrême droite !
Voilà pourquoi ce serait une grave erreur d'espérer que les travailleurs seront protégés contre les politiques d'austérité et contre les coups du grand patronat simplement en changeant de président de la République. Le seul espoir du monde du travail réside dans ses propres capacités à réagir, à dire « stop » aux licencieurs et à imposer par la lutte les objectifs vitaux pour défendre sa peau.
Contre le chômage, le simple bon sens dicterait qu'on interdise les licenciements et qu'on prenne sur les dividendes d'aujourd'hui, ou sur ceux d'hier accumulés par les actionnaires, de quoi payer son salaire intégral à tout salarié, quand bien même l'activité serait répartie entre tous. Il ne faut pas qu'une seule famille ouvrière se retrouve privée d'emploi, seule source de revenu qui permet aux travailleurs de survivre.
Il faut l'augmentation générale et conséquente des salaires, afin de rattraper le pouvoir d'achat perdu au fil des ans. Et il faut que ce pouvoir d'achat soit indexé sur les prix, c'est-à-dire l'échelle mobile des salaires.
Il faut surtout que les travailleurs se mêlent de la comptabilité des entreprises, de ce qui est produit ou pas, qu'ils contrôlent ce qui est versé en dividendes aux actionnaires ou en salaires aux hauts cadres, pour montrer qu'il est possible d'augmenter les salaires, à condition de ne pas hésiter à toucher aux revenus du capital. Il faut la suppression du secret industriel et commercial, afin que l'activité des entreprises, qui résulte de la collaboration de milliers de travailleurs, soit transparente et contrôlable.
Il n'est pas possible d'imposer tout cela par le bulletin de vote. Mais il permet au moins de s'exprimer et d'affirmer son accord avec ce programme. C'est la raison pour laquelle Lutte Ouvrière présente Nathalie Arthaud, candidate communiste, pour que tous ceux qui partagent ces objectifs puissent l'affirmer en votant pour elle.
Éditorial des bulletins d'entreprise du 6 février