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Égypte : La répression se poursuit contre les manifestants
Les affrontements du 1er février, à la suite du match de football qui s'est tenu au stade de Port-Saïd, dans le nord de l'Égypte, ont provoqué la mort de 74 spectateurs et des centaines de blessés chez les supporters de l'équipe du Caire, Al-Ahly.
Depuis, de nombreux manifestants se mobilisent, au centre du Caire, pour protester contre le gouvernement et les généraux, qu'ils rendent responsables des morts de Port-Saïd. Des témoins, spectateurs ou footballeurs, ont en effet raconté comment les forces de police présentes lors du match se sont bien gardées d'intervenir lorsque des voyous armés de barres de fer s'en sont pris aux supporters de l'équipe cairote.
La police de Port-Saïd a fait au minimum preuve de passivité, voire de complicité, dans une provocation dont le pouvoir est coutumier, cette fois à l'égard de la jeunesse des quartiers populaires du Caire dont les effectifs du club des supporters de l'équipe Al-Ahly sont issus. Avant comme après la chute de Moubarak, des interventions provocatrices où l'on devine sans peine la main de la police et de l'armée ont été à l'origine d'affrontements, aussitôt suivis d'une répression violente : ce fut encore le cas en octobre dernier lors d'une manifestation de Coptes devant l'immeuble de la radio-télévision.
À présent, ceux qui ont été visés sont les jeunes dits « ultras » du Caire, des jeunes des classes populaires qui ont participé aux manifestations réclamant le départ de Moubarak, en s'opposant aux attaques de ses partisans armés, et qui continuent sans relâche à exiger que le Conseil militaire suprême et son chef Tantaoui quittent le pouvoir.
Et c'est bien le maintien de l'armée aux commandes du pays que contestent les manifestants du centre-ville du Caire, lesquels ont plusieurs jours durant affronté la police anti-émeute qui a fait usage d'armes à feu, tuant 12 personnes et en blessant 2 500 autres, selon les chiffres du ministère égyptien de la Santé. Les généraux -- se présentant comme un rempart contre le « désordre » -- ont-ils pour intention de justifier un retour à l'état d'urgence récemment aboli, ou plus généralement de faire la démonstration de leur détermination à rester, d'une manière ou d'une autre, au pouvoir au terme de l'élection présidentielle prévue en juin ? L'enchaînement des événements de la semaine écoulée après le match de Port-Saïd semble aller dans un tel sens.
Rien ne dit cependant que la population soit dupe car, même si une grande partie des habitants du pays sont spectateurs des manifestations du Caire ou de Suez, où cinq manifestants ont été tués par la police, tous subissent lourdement les hausses de prix, comme celui du gaz butane, et vont encore devoir affronter, à la suite du prêt demandé au FMI, une violence économique qui les maintient dans la misère, pour le profit des puissances occidentales et des classes privilégiées égyptiennes.