Distribution de l'eau : La dictature des « trois soeurs »08/02/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/02/une2271.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Distribution de l'eau : La dictature des « trois soeurs »

Veolia, Suez Lyonnaise des eaux et la Saur sont soupçonnés par la Commission européenne d'avoir « coordonné leur comportement sur les marchés des services de l'eau et des eaux usées en France, en particulier en ce qui concerne des éléments du prix facturé au consommateur final ». Le syndicat patronal dont ils sont les principaux adhérents, FP2E, est mis en cause.

Malgré l'opacité des comptes voulue par les directions des « trois soeurs » de la distribution de l'eau, l'UFC-Que choisir s'est livrée depuis des années à des études sur les marges substantielles que s'octroient ces sociétés. Elles ont confirmé le prix plus élevé, en moyenne d'environ 20 %, par rapport aux villes où l'eau est en régie publique. Ces sociétés se sont-elles concertées pour ponctionner les consommateurs, un art pratiqué à merveille par chacune des trois ? « L'existence d'un cartel de l'eau ne serait pas vraiment une surprise », répond le journal patronal L'Usine nouvelle, qui qualifie l'entente entre les trois sociétés de « secret de polichinelle ».

Le fait est que les « trois soeurs » se partagent le pays presque entier, puisque les quatre cinquièmes de la population doivent payer un service local de l'eau privatisé. À Lille, Marseille, Nancy, Saint-Étienne, Arles, en Martinique ainsi qu'en Guyane, Veolia et Suez avaient même établi des filiales communes dont elles se partageaient le capital... et les bénéfices. Ces filiales ont, paraît-il, été officiellement dissoutes. Mais, que les ententes soient ouvertes ou plus ou moins cachées, le pouvoir exorbitant des sociétés de l'eau continue.

Pour y mettre fin, prôner comme on l'entend souvent le retour à une concurrence mythique qui serait « pure » et « non faussée » est illusoire. Il faudra au contraire exproprier les propriétaires de ces sociétés et les fusionner en un seul service public de l'eau, utilisant au mieux les compétences des travailleurs du secteur et placé sous leur contrôle et celui de la population.

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