Brésil : Comment les possédants règlent la question du logement populaire08/02/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/02/une2271.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Brésil : Comment les possédants règlent la question du logement populaire

Le dimanche 22 janvier à 6 heures du matin, appuyée par des blindés et des hélicoptères, une armée de 1 800 soldats de la police militaire investissait la communauté du Pinheirinho, à Sao José dos Campos, une ville de 300 000 habitants située à 90 km à l'est de Sao Paulo.

La soldatesque envahissait les maisons de fortune de cette communauté, pillant, matraquant, tirant des balles de caoutchouc. Il y eut de nombreux blessés. Un sénateur de gauche a dénoncé en assemblée plénière du Sénat un cas de viol. Les 9 000 habitants du Pinheirinho furent expulsés de force, leurs habitations rasées au bulldozer. Beaucoup eurent bien du mal à récupérer une partie de leurs quelques biens.

Le Pinheirinho est un ancien terrain public accaparé par Naji Nahas, un milliardaire déjà condamné pour corruption et blanchiment d'argent sale. Le terrain était occupé depuis huit ans par des familles sans logis et transformé en quartier populaire. Mais Nahas ne relâchait pas la pression pour récupérer par tous les moyens « son » terrain. Il faisait intervenir ses amis politiques de droite, en particulier le gouverneur de l'État de Sao Paulo, Geraldo Alkmin, et le maire de Sao José dos Campos, Éduardo Cury. En effet le Pinheirinho jouxte des quartiers bourgeois. Sa « libération » aurait permis une juteuse opération immobilière, dans le cadre de la Coupe du monde au Brésil en 2014.

Au fil des années, la lutte pour la reconnaissance officielle de la communauté n'avait pas cessé non plus. En septembre 2011, un arrangement semblait en vue et la justice fédérale avait donné raison aux habitants contre Nahas. Une grande fête avait célébré ce pas vers la légalisation. Mais une décision d'une juge locale, appuyée par le gouverneur et le maire, a suffi à mobiliser les forces de police de 33 communes pour réaliser l'expulsion des habitants et la destruction du quartier. Les médias ont applaudi, accusant les habitants de tous les crimes et leur reprochant d'être manipulés par des gauchistes. La présidente Dilma Roussef, du Parti des travailleurs, a quant à elle déclaré que l'expulsion était « un acte de barbarie », mais qu'elle était obligée de respecter les décisions des États de la fédération.

Leur mauvais coup réalisé, les autorités se retrouvent maintenant avec 9 000 sans-logis, provisoirement parqués sous surveillance militaire. Dénoncés par de nombreuses manifestations, accusés par des juristes, des intellectuels et des artistes, le gouverneur et le maire promettent maintenant de construire en dix-huit mois, dans un quartier périphérique de Sao José, 5 000 habitations dont mille reviendraient à des expulsés du 22 janvier. Mais ceux-ci maintiennent leur revendication : que le gouvernement fédéral exproprie, ou plutôt récupère le terrain du Pinheirinho, et qu'on y construise, sous leur contrôle, toutes les maisons nécessaires.

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