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Dans le monde
Allemagne : Le prétendu modèle allemand
En Allemagne, grâce à une économie en pleine forme, le chômage serait à son plus bas niveau depuis vingt ans. Les classes populaires ne savent que trop bien quelles vérités se cachent derrière ces statistiques.
Partout, des emplois à temps plein sont supprimés, puis remplacés par des postes à temps partiel, voire des mini-jobs, payés au maximum 400 euros par mois. Au lieu d'une vendeuse à temps plein, bien des patrons préfèrent deux mini-jobs. Ailleurs, deux aides-soignantes peuvent être licenciées pour être remplacées par trois salariés à temps (très) partiel. Pas étonnant dans ces conditions qu'il y ait plus d'emplois que jamais... sauf qu'on ne peut pas en vivre !
Le record du nombre d'emplois signifie d'abord un record de la misère : plus de trois millions d'ouvriers ont un travail, et vivent quand même sous le seuil de pauvreté.
Tous les gouvernements qui se sont succédé ces dernières années, du gouvernement SPD (sociaux-démocrates) et Verts dirigé par Schröder au gouvernement CDU-FDP (droite) de Merkel, portent leur part de responsabilité dans cette situation. Ils ont « assoupli » les lois concernant les mini-jobs, l'intérim et le temps partiel, et ont consenti des avantages au patronat pour la création de boulots particulièrement mal payés.
Ce qui a le plus causé de dégâts, c'est l'introduction des lois Hartz IV du gouvernement Schröder, qui ont obligé les chômeurs à accepter n'importe quel emploi, même à temps partiel, et à n'importe quel salaire. Ils ont réussi grâce à ces mesures à faire baisser l'ensemble des salaires, y compris pour ceux qui travaillent à temps plein. En Rhénanie-du-Nord-Westphalie (le land le plus peuplé, 18 millions d'habitants), désormais 10 % des salariés gagnent moins de 6,50 euros de l'heure !
Pour s'en sortir, beaucoup doivent demander un complément Hartz IV (sorte de RSA), alors qu'ils travaillent. Les entreprises augmentent leurs profits en faisant travailler ces salariés pour des salaires de misère, et ensuite c'est l'Etat qui verse à leur place le complément de salaire.
Des conditions de travail de plus en plus dures, une misère qui s'accroît -- voilà à quoi ressemble pour la population laborieuse leur miracle allemand. C'est d'ailleurs pour cela que les entreprises allemandes et leurs profits se portent si bien. Il n'est donc pas étonnant que l'écart entre pauvres et riches s'agrandisse ici, plus que dans n'importe quel autre pays européen. Selon une étude récente, la partie la plus pauvre de la population masculine voit même son espérance de vie reculer depuis l'an 2000, phénomène aggravé dans l'est de l'Allemagne. L'enrichissement de la petite minorité de possédants, même pendant la crise, se fait précisément en aggravant les conditions de vie et de travail de la grande majorité des salariés, quitte à précipiter dans la misère une partie toujours plus importante des travailleurs.