Turquie : Après le bombardement à la frontière irakienne Assez de massacres !06/01/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/01/une2266.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Turquie : Après le bombardement à la frontière irakienne Assez de massacres !

L'article suivant est extrait de Sinif Mücadelesi, journal de nos camarades turcs de l'UCI, à la suite du massacre de 35 villageois kurdes à la frontière irakienne, le 28 décembre, par l'aviation turque.

À la suite des observations des avions sans pilote Héron achetés à grande publicité aux États-Unis, une attaque militaire éclair a eu lieu dans la nuit à la frontière irakienne, dans la zone d'Uludere. Durant quarante-cinq minutes les avions de guerre ont lancé de puissantes bombes sur une même zone. Le résultat a été le massacre de 35 pauvres villageois kurdes, qui pour gagner 50 livres (l'équivalent de 20 euros) allaient chercher du mazout en Irak, pour la plupart âgés de moins de vingt ans et parmi lesquels des adolescents d'âge scolaire.

Le même gouvernement Erdogan, qui en paroles a protesté contre l'action des États-Unis en Irak ou en Afghanistan, agit ainsi ici même contre ses propres citoyens !

Maintenant, les dirigeants politiques parlent de trouver les responsables et de les punir. Peut-être trouveront-ils un militaire à accuser parmi ceux qui ont commandé l'attaque aérienne. Mais les responsables, ce sont eux. Ces dernières semaines, le ministre de l'Intérieur a parlé à tout propos en proférant des menaces, et maintenant, lui qui pourrait être le premier responsable, n'ouvre plus la bouche. Ces dernières semaines il s'est vanté du fait que, contre les militants du PKK soutenus par les médias, des opérations auraient été menées avec succès. Entre l'armée, la police, les services secrets et les forces armées en général une collaboration plus stricte devait se mettre en place. Le massacre du 29 décembre a suivi cette voie.

À l'arrivée des images des caméras des avions Héron montrant un groupe de personnes à la frontière, sans avertir les autorités locales, sans avertir les gendarmes de la zone, la décision de bombarder a été prise directement à Ankara. Or les autorités locales sont parfaitement au courant de cette contrebande aux frontières et même du moment où elle se produit. Du reste un jeune rescapé du massacre l'a confirmé.

On dit maintenant que de simples contrebandiers ne pouvaient pas être aussi nombreux. Qu'est-ce que cela signifie ? Sinon à quel point le chômage et la pauvreté augmentent. Les revenus des villageois ont été réduits à zéro. Le nombre de ceux qui sont prêts à risquer leur vie pour 50 livres n'a fait qu'augmenter. Le lendemain même du massacre, le Premier ministre a expliqué dans son discours au pays combien la Turquie avait progressé sur le plan économique. Mais cette croissance et ce progrès, où sont-ils ? Les masses kurdes, les travailleurs dans les usines et les lieux de travail, en quoi bénéficient-ils de cette croissance ?

Peut-être que s'il y avait eu moins de victimes, on aurait pu comme dans le passé étouffer l'affaire en déclarant que ces contrebandiers n'étaient que des terroristes du PKK. Voilà comment on reconnaît les droits des Kurdes !

Bien sûr, dans les zones occidentales du pays il n'y a pas de bombardements, mais il y a une autre sorte de répression. L'armée et la police s'en prennent aux travailleurs et aux jeunes qui se battent pour leurs droits. Et cette affaire démontre combien les dirigeants sont prêts à verser le sang, à quelle sauvagerie ils peuvent recourir pour la défense de leur ordre. Cette violence utilisée aujourd'hui contre les Kurdes peut demain se tourner contre des travailleurs luttant pour leurs revendications. Dans le passé, en Turquie, la police et la gendarmerie se sont tournées bien souvent contre des travailleurs. Cela peut se produire de nouveau.

En tant que travailleurs, notre intérêt est de voir finir ces interventions militaires et ces actions de la police et de l'État. Le peuple kurde doit avoir ses droits. Il ne s'agit pas seulement de solidarité, mais de l'intérêt commun du peuple kurde et de la classe ouvrière de Turquie.

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