Syrie : Observateurs ou pas La dictature poursuit sa répression06/01/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/01/une2266.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Syrie : Observateurs ou pas La dictature poursuit sa répression

Depuis le 26 décembre, une soixantaine d'observateurs de la Ligue arabe sont déployés en Syrie pour veiller à l'application d'un vague « protocole de sortie de crise » convenu entre l'instance panarabe et le régime dictatorial de Al-Assad. Selon cet accord, l'armée syrienne est censée se retirer des villes, les manifestations pacifiques être autorisées et les prisonniers arrêtés depuis le début de la crise, le 15 mars 2011, être libérés.

La Ligue arabe voudrait parvenir à une sortie de crise entre États arabes. Évidemment, si leur intervention pouvait apaiser la révolte populaire qui s'exprime depuis des mois contre le régime syrien, ce serait tout bénéfice pour les dirigeants des États arabes, inquiets pour leurs propres postes.

La présence à la tête de la délégation d'observateurs du général soudanais Moustapha Al-Dabi, ex-chef du renseignement militaire impliqué dans la répression de la population du Darfour, n'était pas de bon augure. Le bilan de huit jours de présence des observateurs confirme cette impression.

D'abord, lors de sa visite de la ville de Homs, où les habitants ont été sauvagement réprimés, le général soudanais a déclaré n'avoir vu « rien d'effrayant ». Rien de plus qu'au Darfour, en somme !

Pourtant, observateurs ou pas, les forces de sécurité du régime ont continué de massacrer les manifestants, tuant en une semaine 150 personnes de plus, qui viennent s'ajouter aux quelque 5 000 victimes de la répression depuis le début de la crise. D'autre part, sur quelque 14 000 personnes emprisonnées, dont beaucoup ont été torturées, 755 seulement ont été libérées.

Le régime, qui n'a cessé tout au long de ces mois de répression de dénoncer le prétendu « terrorisme » des manifestants, a eu le culot de déclarer que les prisonniers libérés « n'avaient pas de sang syrien sur les mains », suggérant ainsi que les prisonniers restants, eux, en ont. Mais si quelqu'un a du sang sur les mains, c'est d'abord le régime d'Assad.

L'ONG Human Right Watch a indiqué aussi que les autorités syriennes avaient déplacé de nombreux détenus vers des sites militaires auxquels les observateurs n'ont pas accès.

Le nombre des observateurs atteint le chiffre de 500. Mais, quel que soit leur nombre, ils ne servent pas à protéger les populations. Le président du Parlement arabe, une des instances de la Ligue arabe, a d'ailleurs « appelé au retrait immédiat des observateurs arabes, le régime syrien continuant de massacrer des civils innocents », soulignant « une escalade de la violence » car « davantage de personnes sont tuées, y compris des enfants, et tout cela en présence des observateurs ».

En tout cas, cette tragi-comédie des observateurs n'a pas désarmé la colère de la population. Appelées à manifester à nouveau en masse les 30 et 31 décembre, on a pu voir à Douma, quelque cent mille personnes braver les bombes à clous que les forces de répression leur lançaient pour les disperser, signe que la détermination de la population à se débarrasser de la dictature ne retombe pas.

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