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Leur société
Seafrance : Une volte-face pleine de calculs
Lundi 2 janvier, quelques heures à peine après avoir condamné le plan de transformation de la société Seafrance en coopérative ouvrière (Scop), la ministre Nathalie Kosciusko-Morizet et son adjoint aux transports Thierry Mariani ont finalement annoncé que le gouvernement acceptait ce projet proposé par la CFDT.
À la surprise de tous, y compris des syndicalistes que Mariani avait accusés trois jours plus tôt de jusqu'au-boutisme et de fanatisme pour avoir défendu leurs propositions. Mais Sarkozy avait tranché, revêtant ses habits de « protecteur de l'emploi » et affirmant : « J'ai demandé à la SNCF de mettre en place une indemnisation supra-légale exceptionnelle en faveur des salariés licenciés, afin de leur permettre d'apporter ces fonds à la Scop » !
Ainsi les 40 à 50 millions nécessaires au projet pourraient être avancés par les travailleurs à qui la SNCF, dont Seafrance est une filiale, verserait 50 000 à 60 000 euros chacun. Visiblement, nombre de salariés sont sceptiques à l'idée de devoir immédiatement investir cette indemnité de licenciement dans l'entreprise, au risque de la voir disparaître. Le secrétaire du Comité d'entreprise de Seafrance (CFDT) s'est dit « content mais méfiant... devant cette usine à gaz ». L'avocat des salariés y a vu « un montage juridique abracadabrantesque qui a peu de chances d'aboutir ». Mariani, sans doute mouché par ce dénouement-reniement, a affirmé mardi 3 janvier que le gouvernement n'a « jamais changé de position » et qu'il manque toujours 40 millions d'euros, qu'il faudra que les salariés croient à ce plan et que le tribunal de commerce lui donne sa chance, ce qu'on saura peut-être le 9 janvier.
Plus cyniques, certains proches du gouvernement parlent d'un « calcul vicieux et futé » qui mettra les syndicats et les ouvriers au pied du mur. Bref, ces derniers n'auraient qu'à s'en prendre à eux-mêmes si le plan échoue. Et s'il commence simplement à prendre forme, on peut compter sur Sarkozy pour exploiter la situation durant ces quelques mois préélectoraux.
Le seul problème de Sarkozy est d'essayer de reculer, au moins dans cette période, les annonces de plans sociaux et de salariés mis à la porte. Ils pourraient être 880 chez Seafrance, sans compter les intérimaires et les emplois indirects.
Mais, en l'occurrence, Sarkozy se préoccupe bien moins de ces suppressions d'emplois que du sien propre et de son renouvellement en mai prochain. Après, vogue la galère...