Prothèses mammaires PIP : Un scandale sanitaire qui en rappelle d'autres06/01/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/01/une2266.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Prothèses mammaires PIP : Un scandale sanitaire qui en rappelle d'autres

Chaque jour ou presque apporte une nouvelle révélation, tant sur les arnaques de la société PIP, qui fabriquait ces implants mammaires frelatés, que sur la lenteur des autorités de santé à intervenir.

Créée en 1991, la société Poly Implant Prothèse (PIP) produisait jusqu'à cent mille prothèses mammaires par an, des poches remplies de gel de silicone, qu'elle vendait dans le monde entier. En mars 2010, la société PIP était fermée et une enquête ouverte pour « tromperie sur les qualités substantielles du produit, publicité mensongère et mise en danger de la vie d'autrui ».

Et pourtant on apprend qu'en novembre 2005 déjà une alerte avait été lancée par un représentant commercial de la société, s'inquiétant de la tendance desdites poches à fuir et du nombre élevé d'obligations d'explantation. Puis, en février 2006, un autre avertissement avait été lancé par courriel, auquel la direction du marketing de PIP avait répondu : « Le chiffre d'affaires est plus important que la constitution des enveloppes. »

Il s'avère qu'au milieu des années 2000 PIP a décidé d'utiliser un gel de silicone dix fois moins coûteux que celui dont la conformité avait été testée. Et voilà des prothèses tellement plus rentables, même si elles fuyaient, laissant s'échapper dans le corps leur gel de silicone frelaté, avec tous les risques sanitaires en résultant ! Les fournisseurs avouent avoir effectivement livré des silicones habituellement utilisés dans la construction, mais ils se dédouanent, prétextant qu'ils ne pouvaient savoir la destination de ces livraisons à... un fabriquant de prothèses au silicone ! De même que se dédouanent les chirurgiens esthétiques qui les implantaient et qui se sont fait des fortunes car, si 20 % des prothèses étaient utilisées en chirurgie réparatrice après un cancer du sein, 80 % l'étaient dans un but esthétique, le plus souvent dans des cliniques privées.

De son côté, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) se défend pour son intervention tardive, sous prétexte que les implants ne sont pas des médicaments mais des dispositifs médicaux, comme les pansements et les seringues. Ils ne sont donc pas soumis à une autorisation de mise sur le marché, mais à la seule responsabilité du fabricant. Sauf que, déjà en 2007, une centaine de Britanniques avaient porté plainte pour « prothèses défectueuses » contre PIP, qui avait alors été condamné. L'Afssaps n'a donc pas brillé par la rapidité, puisqu'il a fallu attendre 2010 pour qu'elle retire ces implants du marché.

Des industriels du secteur de la santé qui se gavent sans souci des risques encourus par les patients, des autorités de santé plus que lentes à réagir, des intermédiaires qui n'ont que leur compte en banque en ligne de mire, voilà qui rappelle bien d'autres scandales sanitaires.

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