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Leur société
La TVA « sociale » : Une taxation des couches populaires
À peine prononcés les voeux présidentiels, les ministres sarkozystes se relayaient dans les médias pour annoncer, le 3 janvier, qu'une « TVA sociale », peut-être rebaptisée « anti-délocalisation » pour les besoins de la campagne électorale, serait mise en place rapidement, avant même l'élection.
Ce projet du candidat Sarkozy en 2007 avait été remisé discrètement, après que Borloo, en l'évoquant au mauvais moment juste avant les élections législatives, eut fait perdre paraît-il une quarantaine de sièges à l'UMP. Il revient donc sur le devant de la scène, aux vifs applaudissements du Medef et de l'Afep, l'association des patrons du CAC 40.
Les capitalistes, gros et moins gros, ont en effet de quoi se réjouir. Il s'agit, ni plus ni moins, de transférer à l'impôt une partie des cotisations sociales qu'ils doivent payer, en particulier au plus injuste d'entre les impôts, la TVA, qui pèse proportionnellement beaucoup plus sur les plus pauvres. Ainsi les 10 % des ménages disposant des revenus les plus bas assurent 11,5 % de la TVA, pendant que les 10 % les plus riches n'en assurent que 5,2 %.
La mise en place d'une TVA « sociale », pour autant que ce mot ait un sens, c'est d'abord... une nouvelle augmentation de la TVA. Son taux de 5,5 % vient tout juste d'être porté à 7, avec les hausses de prix que cela entraîne, dans les transports par exemple. Mais maintenant il serait question, selon un scénario activement préparé par le Medef, de transférer aux consommateurs, donc majoritairement au monde du travail, la charge de quelque 70 milliards d'euros. Ce serait autant que les patrons économiseraient, sur les cotisations à la branche famille de la Sécurité sociale par exemple.
L'argument « anti-délocalisation » ne fait que servir de prétexte, car ce nouvel avantage ne fera sans doute changer d'avis aucun capitaliste décidé à transférer une production. En revanche, il s'agit d'un magnifique cadeau qui leur est fait. L'opération pourrait soi-disant s'accompagner d'une légère diminution de la cotisation payée par les salariés. Mais ils seraient en revanche pénalisés par les hausses de prix. Car les entreprises répercuteraient mécaniquement sur leurs prix la hausse de la TVA, alors que la baisse de leurs cotisations permettrait immanquablement de grossir leurs bénéfices et les dividendes des actionnaires. Sans compter que, des économistes bourgeois le font eux-mêmes remarquer, les millions de retraités, de chômeurs et d'allocataires seraient doublement pénalisés, ne bénéficiant pas de la baisse de cotisation sociale mais n'échappant pas à la hausse de la TVA.
Face à ce tribut payé aux plus gros capitaux, principaux bénéficiaires de ce transfert, il ne resterait au monde du travail qu'à exprimer une juste colère « sociale ».