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Hongrie : Une Constitution ultraréactionnaire
Des dizaines de milliers de personnes, cent mille selon les organisateurs, ont manifesté à Budapest lundi 2 janvier pour protester contre l'entrée en vigueur de la nouvelle Constitution. Bien que votée en avril dernier, c'est seulement maintenant que ses principes ultraréactionnaires entrent en application.
Le terme de « République de Hongrie » qui disparaît au profit de la simple appellation de « Hongrie » et la devise « Dieu bénisse les Hongrois » indiquent d'emblée quelles doivent être les valeurs officielles du pays.
Ces nouvelles lois constitutionnelles ne pourront être modifiées que par une majorité des deux tiers, celle dont dispose le Fidesz, le parti du Premier ministre Viktor Orban. La loi électorale révise le découpage, le mode de scrutin et diminue le nombre de députés et la place laissée aux petits partis.
Pour assurer au mieux l'application de ces « réformes », Orban a installé des proches, avec des mandats de neuf ou douze ans, à tous les postes de responsabilité de l'économie, de la police, de l'armée et de la justice, où un avancement opportun de l'âge de la retraite pour les juges a permis un renouvellement favorable au pouvoir.
La radio et la télévision sont supervisées par un conseil dirigé par une proche du Premier ministre et des journalistes récalcitrants ont été mis en préretraite ou licenciés, en particulier ceux qui ont protesté en faisant une grève de la faim. La seule radio d'opposition, Klubradio, ne pourra plus émettre à partir de février 2012.
Une loi de stabilité financière fixe un taux unique de 16 % à l'impôt sur le revenu et bloque les retraites. La TVA, elle, passe de 25 à 27 %, le taux le plus élevé de l'Union européenne, pour des produits de première nécessité, le gaz et l'électricité.
Quant à la vie privée, elle est sous surveillance : la Constitution ayant décrété que l'embryon est un être humain dès sa conception, le droit à l'avortement risque d'être de plus en plus menacé. Le mariage entre un homme et une femme étant sacré, il ne peut être question d'union homosexuelle.
De tout ce catalogue réactionnaire, ce qui a fait le plus réagir les dirigeants de l'Union européenne est l'impossibilité de modifier la fiscalité, leur seul problème étant de savoir comment la Hongrie, petit pays très endetté, dont la monnaie, le forint, est en pleine dégringolade, pourra rembourser ses dettes.
Le reste, les salaires très bas et les indemnités de chômage en baisse rongés par l'inflation qui augmentera avec les « réformes », le fait que plus d'un tiers de la population vive sous le seuil de pauvreté, le fait qu'un parti d'extrême droite se livre à une véritable chasse aux Roms, tout cela, apparemment, fait partie de la norme : c'est pourtant sur ce terreau que prospèrent le nationalisme et la réaction.