France Télécom Orange : Un travailleur victime de cinq ans d'obstination criminelle06/01/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/01/une2266.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

France Télécom Orange : Un travailleur victime de cinq ans d'obstination criminelle

Un technicien de l'unité d'intervention France Télécom de Marseille est décédé. Le 2 décembre, il avait été victime d'une chute alors qu'il intervenait sur des lignes aériennes à l'aide d'une échelle dite « plate-forme polyvalente » qui fait scandale depuis cinq ans, et dont l'utilisation avait causé déjà plusieurs accidents avec des blessés.

En 2006, France Télécom a commandé à ses fournisseurs de lui bricoler une échelle, munie d'une petite plate-forme et d'un garde-corps au sommet. Il s'agissait pour l'entreprise de contourner la réglementation sur les travaux en hauteur. Celle-ci précise qu'une échelle n'est pas un poste de travail, que l'intervention doit être effectuée à deux personnes et surtout qu'il faut privilégier les camions-nacelle et les échafaudages. Mais pour la direction cela coûtait trop cher.

Depuis cinq ans, tous ceux qui se préoccupent de sécurité se battaient pour le retrait de ce matériel. Des agents des lignes refusaient de s'en servir, d'autres l'avaient rendu. Des militants syndicaux de CHSCT (Comité hygiène, sécurité et conditions de travail) en avaient démontré les dangers, des inspecteurs du travail en avaient exigé le retrait dans plusieurs régions. Les services du ministère du Travail, une Caisse régionale d'assurance maladie et l'organisme de prévention des risques dans les travaux publics pointaient le fait que ce matériel ne respecte pas les normes des échafaudages et des travaux en hauteur. Des médecins du travail mettaient en garde et des « correspondants de sécurité », des cadres de l'entreprise, admettaient qu'il y avait danger.

Aussi, dans plusieurs régions, les travailleurs avaient obtenu le retrait de ce matériel ou la fin de l'obligation d'en être équipé. Mais France Télécom a laissé faire là où une direction locale s'est obstinée à maintenir le matériel dangereux ou à le réintroduire alors qu'il avait été abandonné. Ce qui comptait pour France Télécom, c'est l'économie de 20 millions par an que lui ont procuré les interventions à un agent seul au lieu de deux.

Il a fallu attendre ce nouvel accident, qui s'est avéré mortel pour notre camarade, avant que France Télécom, finalement, ordonne le retrait de ces plates-formes polyvalentes, sans doute pour éviter de se voir condamné pour mise en danger de la vie des salariés. C'est pourtant bien le résultat de sa politique d'économies qui tue.

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