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- Lutte ouvrière n°2260
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Pépinières roseraies Georges Delbard Malicorne (Allier) : Un patron du prêt-à-porter veut laisser en plan les salariés
Vendredi 18 novembre, près de 70 travailleurs des Pépinières roseraies Georges Delbard (PRGD) se sont retrouvés devant le palais de Justice de Montluçon pour écouter ce que la justice allait décider après que le patron, Jean-Pierre Torck, a déposé le bilan de l'entreprise.
Le juge du tribunal de commerce lui a juste donné un délai supplémentaire de six mois pour qu'il trouve un repreneur. Il a bien promis aux salariés trois mois de paie... mais n'a voulu ni s'engager par écrit, ni préciser quelles contraintes il allait prendre si ce n'est pas le cas.
Les travailleurs n'attendaient pas grand-chose de la justice pour défendre leurs emplois et garantir leurs paies, mais ils voulaient savoir ce que les pouvoirs publics allaient décider face à un patron qui veut liquider une entreprise et mettre à la porte ceux qui ont fait sa prospérité pendant des années, au prix d'un travail usant. La justice n'a pas été dure avec lui, n'a pas exigé de maintenir les emplois alors que le chômage sévit. Les représentants du patron ont tenté de rassurer les salariés. Ils voudraient que cette liquidation se fasse en douceur alors qu'elle n'est qu'injustice !
Le patron a bâti sa fortune grâce aux travailleurs et il voudrait les payer le moins possible. Le propriétaire actuel de ces pépinières est un grand bourgeois du Nord qui a constitué sa fortune dans la distribution et le prêt-à-porter féminin (il a créé la marque Camaïeu). En 2005, il avait acheté les pépinières Delbard, un fleuron dans ce secteur de production horticole. Leur domaine s'étend sur 600 hectares de terres, bénéficiant d'un savoir-faire accumulé depuis 1935, de centaines de travailleurs professionnels, d'un réseau de distribution de jardineries et d'un laboratoire où ont été obtenues de nombreuses et célèbres variétés de rosiers et d'espèces fruitières. Sa fortune était classée par les économistes du journal Challenges au 255e rang national, avec une progression entre 2010 et 2011 de 114 %, passant de 70 à 150 millions d'euros.
Mais voilà, cette acquisition n'a pas dû lui rapporter assez ou ne l'a plus intéressé (comment savoir ce qu'il y a dans la tête d'un capitaliste qui s'achète une belle entreprise comme on s'achète une baguette de pain ?) et depuis plus d'un an, les manoeuvres ont commencé : il a déjà vendu partiellement l'entreprise, les secteurs les plus rentables comme les jardineries, la marque, il a tenté un plan de licenciement de vingt postes pour finir par déposer le bilan. À l'annonce de la fin, les fournisseurs n'ont pas attendu pour venir récupérer leurs marchandises (produits de traitements, tracteur, palettes, etc.).
Ce qu'ont produit les salariés des pépinières Delbard n'est pas pour rien dans la fortune de ce patron qui a augmenté de 80 millions. Rien qu'avec ce « plus », il y aurait de quoi payer chacun des salariés de la pépinière, embauchés et saisonniers, avec un salaire mensuel moyen de 1 500 euros et payer les charges... pendant plus de dix ans.