Les calculs intéressés des voisins d'Assad24/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/11/une2260.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Les calculs intéressés des voisins d'Assad

La Ligue Arabe a, à plusieurs reprises ces dernières semaines, pris ses distances avec le régime de Bachar Al-Assad, l'exhortant à cesser le massacre de ceux qui contestent la dictature. Tout en sachant que sa demande lui sera refusée, elle a demandé à pouvoir envoyer des observateurs sur le terrain.

La Ligue Arabe réunit aujourd'hui des États gouvernés par des dictatures comme celles d'Arabie Saoudite ou de Jordanie. L'Arabie Saoudite notamment s'est illustrée récemment en envoyant des renforts militaires au Bahrein contre les manifestants qui s'opposaient au régime. Mais les régimes voisins de la Syrie n'ont pas intérêt à voir ce pays s'enfoncer dans la situation actuelle où la répression est impuissante à faire cesser la contestation, risquant de déboucher sur une véritable guerre civile porteuse de possibilités de contagion. Ces régimes peuvent craindre, à terme, le développement de la contestation dans leur propre pays. D'où leur intérêt à ce que la situation se règle le plus vite possible en Syrie.

L'attitude de la Turquie, qui lâche aussi le régime de Bachar Al-Assad, n'est cependant pas tout à fait sur le même plan. Ces dernières années, le gouvernement d'Erdogan est apparu comme un allié et un soutien de Bachar Al-Assad. Mais l'affaiblissement de ce dernier, qui a longtemps joué un rôle central dans le maintien d'une certaine stabilité au Proche-Orient, offre à la Turquie l'opportunité de remplacer le dictateur syrien dans ce rôle. En tout cas cela l'amène à tenter de prendre des assurances sur le régime qui pourrait remplacer celui de Assad. La Turquie pourrait ainsi conquérir une position maîtresse qui lui permettrait de prendre le pas sur d'autres puissances régionales comme l'Arabie Saoudite. D'où ses prétentions de plus en plus affirmées à jouer les arbitres, proposant la création d'une zone tampon à la frontière de la Syrie et de la Turquie, en appuyant l'idée que l'opposition syrienne soit légalisée.

La population syrienne en lutte contre la dictature n'a rien à attendre de ces manoeuvres. Les puissances voisines, tout comme d'ailleurs les puissances impérialistes, plus lointaines, ne cherchent nullement à l'aider, mais à s'assurer que, dans l'avenir, elles maintiendront ou accroîtront leur influence politique en Syrie et dans toute la région.

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