Imposer l'uniforme à l'école ? Un faux débat qui ne masque pas les inégalités sociales24/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/11/une2260.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Imposer l'uniforme à l'école ? Un faux débat qui ne masque pas les inégalités sociales

En dix ans, entre 1997 et 2007, le nombre d'élèves en difficulté a augmenté, révèlent différentes enquêtes publiées par l'Insee. Un élève sur cinq est « faible en compréhension de l'écrit » à l'entrée en sixième, alors qu'il n'y en avait qu'un sur dix en 1997.

Dans le même temps, le nombre d'élèves se situant dans les niveaux supérieurs est passé de 10 % à 7 %. Les plus touchés sont les jeunes des zones d'éducation prioritaires, c'est-à-dire issus des quartiers populaires : un tiers d'entre eux sont de mauvais lecteurs en fin de troisième.

Cette situation a certainement empiré depuis quatre ans, les milliers de suppressions de postes rendant les conditions d'apprentissage plus difficiles pour les enfants. Pourtant face à ces données inquiétantes, la grande question qui agite actuellement la droite gouvernementale n'est pas comment enrayer cette baisse de niveau, mais s'il faut ou non imposer un uniforme dans les écoles. À les en croire, cela permettrait de « gommer les inégalités sociales » !

Tous égaux parce que tous habillés de la même façon ? L'expérience de la Grande-Bretagne, où l'uniforme scolaire est obligatoire, prouve que ce raisonnement simpliste ne tient pas la route. En outre, c'est déjà oublier que la plupart des élèves portent un uniforme, même si ce n'est pas celui dont rêvent ces bonnes âmes mais celui imposé par la mode : jeans, blouson, baskets. C'est aussi oublier que les origines sociales transparaissent malgré tout derrière l'habit commun, ne serait-ce que par la qualité des chaussures ou du matériel scolaire.

Mais surtout, ce n'est pas un uniforme qui fera disparaître l'inégalité sociale profonde face au savoir. Même si ce n'est pas une généralité, les enfants issus de milieu aisé ont globalement plus de connaissances générales, un vocabulaire plus riche, une curiosité intellectuelle et des capacités d'attention plus développées que ceux venant des quartiers populaires. Et cette inégalité n'est pas corrigée en inscrivant simplement le mot « prioritaire » derrière « zone d'éducation », dès lors que les moyens pour y parvenir ne suivent pas.

Agiter des bouts de chiffons en proclamant que « c'était mieux avant », voilà comment le gouvernement masque son désintérêt pour l'avenir des jeunes.

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