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Dans le monde
Espagne : L'effondrement électoral du PSOE
Comme tout le monde le prévoyait, en Espagne, c'est le Parti populaire (le PP) qui a raflé la mise aux élections législatives anticipées du 20 novembre. Avec 186 députés sur 350, ce parti de droite, conservateur et foncièrement antiouvrier, obtient la majorité absolue aux Cortes, nom des chambres parlementaires en Espagne.
Mariano Rajoy, le nouveau président du gouvernement, a désormais les coudées franches pour mener une politique totalement au service des banquiers et des capitalistes, dont il dit qu'ils sauront redresser l'économie s'ils ont les mains libres pour imposer toujours plus de sacrifices aux classes populaires.
Cette victoire, le PP ne la doit pas essentiellement à une montée spectaculaire de ses voix. Les 542 000 voix supplémentaires qu'il recueille par rapport aux dernières élections de 2008 montrent qu'il a fait le plein des voix de son électorat traditionnel, mais qu'il n'a pas attiré les voix qui se portaient sur les socialistes du PSOE. En revanche le PSOE perd près de 4 millions et demi de voix par rapport à 2008, et passe de 43,64 % à 28,73 % des suffrages ! Et c'est ce désaveu de millions de travailleurs face à la politique menée par les dirigeants du PSOE qui constitue le fait marquant de ce scrutin.
Avant ces élections, dans les milieux populaires, beaucoup disaient qu'ils ne voulaient plus de Zapatero ni de son remplaçant à la tête du PSOE, Rubalcaba. Ces électeurs de gauche déçus se sont pour une partie abstenus (les abstentionnistes sont 700 000 de plus qu'en 2008). Beaucoup (1 million) aussi ont voté blanc ou nul. Ils ne voulaient pas voter « Rubaljoy », contraction des noms des numéros Un de ces deux partis. D'autres encore ont voté pour d'autres partis, le plus significatif étant le vote pour Izquierda Unida, la Gauche Unie -- regroupement d'ex-communistes et d'écologistes se situant à gauche du PSOE -- qui gagne plus de 700 000 voix, passant de 3,80 % à 6,92 % des suffrages.
Le discrédit du PSOE au gouvernement était tel que Rajoy n'avait plus qu'à attendre, martelant sur l'existence de plus de cinq millions de chômeurs, sur la dégradation de la situation économique, réussissant ainsi à en dire le moins possible sur les mesures qu'il entend prendre. C'était un chantage à la peur d'un effondrement et d'une débâcle économique si les rênes de l'État restaient aux mains des incapables qu'étaient selon lui Zapatero, Rubalcaba et leurs semblables. Mais Rajoy, qui se prétendait le futur champion de la lutte contre le chômage et la crise, ne se privait pas de déclarer à la veille du scrutin qu'il faudrait pour y parvenir « faire des coupes partout, sauf dans les retraites » et surtout ne pas empêcher le patronat de licencier si c'était nécessaire pour que l'économie s'assainisse et reprenne vie.
Dans toutes les régions gérées par le Parti Populaire, qui avait raflé la mise aux dernières élections locales, on a pu mesurer le vrai visage de la politique du PP qui ne cesse de saccager les services publics, en particulier l'école et la santé.
Rajoy et les siens préparent de nouvelles attaques contre les classes populaires. Ils chercheront à satisfaire leur électorat réactionnaire en s'en prenant aux quelques mesures de liberté qu'avaient prises les socialistes, en particulier concernant les droits des femmes. Ils flatteront les militaires et les curés...
Heureusement, par ailleurs, diverses réactions de militants de gauche et d'extrême gauche n'expriment pas une démoralisation. Et c'est important car les classes populaires, le monde du travail, gardent au lendemain de ces élections leur force intacte. Il leur faut se donner les moyens de défendre leur avenir par leurs luttes, dans les entreprises, les quartiers, dans la rue, avec une tout autre efficacité qu'avec les bulletins de vote.