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- Lutte ouvrière n°2257
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Dans les entreprises
Sobrena -- Brest : Menace de liquidation
À Brest, les travailleurs de la réparation navale sont menacés d'être privés d'emploi d'ici à la fin novembre. La Sobrena, qui compte 250 salariés et a régulièrement recours à de nombreux intérimaires, menace en effet de déposer le bilan faute de commandes.
La sous-traitance en cascade et le recours à l'intérim sont monnaie courante dans la réparation navale, qu'elle soit militaire, pour le compte de DCNS (Direction des constructions navales), ou civile, pour le compte des armateurs. La Sobrena passait pour être la locomotive de cette activité à Brest et sa disparition fait planer une menace sur toute la réparation navale civile. Environ 800 salariés en vivent, en plus des salariés directs de la DCNS.
La Sobrena est la première utilisatrice des équipements et des investissements du port de Brest. En 2008, 18 millions d'euros ont été investis pour l'élargissement de la forme de radoub numéro 1. Et, en mai de cette année, cinq millions d'euros ont été prévus pour l'achat d'une grue supplémentaire. Deux formes de radoub, sur les trois que comptent les installations portuaires, lui sont réservées. Elle bénéficie sans compter des services des spécialistes du port, les pilotes, les lamaneurs, sans compter les courtiers de la Chambre de commerce.
Ceux de la Sobrena, qui n'entendent pas perdre leur emploi, ont donc retenu leur PDG pendant une journée pour lui demander des explications. Celui-ci avait jugé de bonne politique de n'avertir personne, pas ses salariés bien sûr, comme c'est d'usage chez ces gens-là, mais pas plus les personnalités qui pouvaient s'estimer mêlées de près ou de loin à ses affaires. Aucune des sommités qui se rencontrent régulièrement pour discuter et allouer des aides de toute nature aux industriels de l'activité navale n'était semble-t-il au courant des difficultés de la Sobrena. C'est ce qu'a déclaré à la presse le maire PS de Brest, François Cuillandre, qui se croyait pourtant dans les petits papiers du PDG.
Le 29 octobre, pour bien marquer leur volonté de ne pas se laisser jeter à la rue, les travailleurs de la Sobrena ont installé une coque de navire sur la place de la Liberté. Ils l'ont baptisée l'Espoir II, pour marquer la continuité avec l'année 1987, où déjà une coque de navire baptisée l'Espoir trônait devant l'hôtel de ville. Suite à leur lutte, 150 travailleurs parmi ceux qui étaient menacés de licenciement par la fermeture de leur chantier avaient été repris par le groupe Meunier, sous le nom de Sobrena.
Six cents personnes ont accompagné cette inauguration symbolique, dont des enfants et des anciens de la navale, venus pour affirmer leur volonté de vivre dignement et la nécessité de maintenir l'emploi.