Île de la Réunion : Pour l'État, il n'y a pas le feu02/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/11/une2257.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Île de la Réunion : Pour l'État, il n'y a pas le feu

Le 25 octobre à la Réunion, plusieurs départs de feu, probablement d'origine criminelle, étaient signalés dans le secteur du Maïdo, brûlant quelque 800 hectares de végétation. L'endroit est renommé pour sa flore et sa faune uniques ainsi que pour sa magnifique forêt de tamarins. Il est classé depuis juillet 2010 au « patrimoine mondial de l'humanité » de l'Unesco.

Le lendemain, 300 hectares supplémentaires de forêt étaient détruits, mais le préfet estimait que faire venir de France un bombardier d'eau, le Dash 8, était prématuré. Jeudi 28 octobre, mille hectares étaient partis en fumée, malgré la mobilisation et les efforts de plusieurs centaines d'hommes appartenant au Sdis de la Réunion, à l'armée, ou venant de Métropole. Le feu atteignait alors les remparts escarpés du cirque de Cilaos, plus au sud. Le 29, il descendait sous la route forestière, menaçant plusieurs fermes et élevages dans les hauts de la commune de Saint-Leu. Huit cents hommes étaient à pied d'oeuvre, travaillant dans des conditions difficiles, sans pouvoir véritablement empêcher l'incendie de progresser. Le 30 octobre, 1 800 hectares étaient détruits et 2 700 lundi 31.

Malgré les demandes répétées d'Huguette Bello, la députée-maire PCR (Parti communiste réunionnais) de Saint-Paul, et de nombreux autres maires de l'île, de faire venir de toute urgence des bombardiers d'eau, le préfet campait toujours sur ses positions, estimant que sa « tactique » était plus adaptée à la situation. Ce n'est que dans la soirée du lundi 31 octobre que le gouvernement prenait la décision de faire venir deux Dash 8 de France, désavouant ainsi, mais bien tardivement, son représentant local.

Les retards pris dans la lutte contre le feu sont d'autant plus choquants que l'an passé un incendie avait déjà détruit 800 hectares de végétation dans la même zone. Malgré sa progression rapide, le préfet avait alors attendu plusieurs jours avant de faire venir de France un Dash 8, capable d'emporter en un seul voyage douze tonnes d'eau, alors que les hélicoptères ne peuvent transporter que 600 à 800 kilos d'eau. Déjà, à l'époque, le préfet prétextait que le Dash 8 n'était pas adapté au relief réunionnais, qu'il ne pouvait pas intervenir au-delà de 1 800 mètres d'altitude... mais en trois jours de son utilisation l'incendie avait été maîtrisé.

Après cette première catastrophe, l'État s'était engagé à construire des sentiers coupe-feu, à installer des miradors pour repérer les départs de feu. Un an après, ces sentiers sont envahis par la végétation, faute de personnel suffisant pour les entretenir, et les miradors n'ont jamais été construits. Des promesses sans lendemain donc, qui montrent dans quel mépris est tenue la population réunionnaise par ce gouvernement et ses relais locaux, qui se moquent bien de doter les territoires des moyens nécessaires à la lutte contre les incendies.

Partager