De Cherbourg à Reims en passant par la région parisienne, des milliers de patrons de l'industrie n'ont pas acquitté depuis 2008 la redevance sur leur consommation d'eau à laquelle ils sont assujettis par l'agence de l'eau Seine-Normandie. En revanche, cette agence de l'eau n'a pas oublié de répercuter sur la facture d'eau la part de cette taxation, bien plus importante, mise à la charge des usagers domestiques.

Présentées comme le bras de l'État pour restaurer la qualité des eaux, les six agences qui couvrent l'Hexagone et la Corse n'ont pas pu empêcher celle-ci de se dégrader. Elles versent aux capitalistes de l'industrie et de l'agriculture des subventions destinées à réduire les pollutions qu'ils provoquent, sans avoir les moyens de contrôler les résultats. Ces agences de l'eau peuvent même rarement évaluer les pollutions d'origine industrielle : « En dépit des enjeux qui s'y attachent, la description des rejets industriels par l'agence reste rare et incomplète », constate un rapport de la Cour des comptes.

Les agences de l'eau ne sont pourtant pas dépourvues de moyens financiers : le montant total des redevances s'élève à 2 milliards d'euros par an, qui sont payés à 80 % par les usagers domestiques ! Quand un usager regarde sa facture, cette taxation représente en moyenne 20 %. Elle est en revanche très légère pour les patrons de l'industrie... quand ils payent quelque chose.

Pour l'agence de l'eau Seine-Normandie, la Cour des comptes a remarqué « une décroissance du nombre d'entreprises assujetties, passant de 4 500 à 4 000 environ » et « un écart important avec le nombre de sites industriels répertoriés », au nombre de 14 000. Et encore, car seule une partie du rapport de la Cour des comptes de 2010 a été publiée. Cependant, des informations ont fini par percer. Elles pointent l'absence totale de versement des patrons de l'industrie depuis 2008 ! Ces derniers doivent ainsi une centaine de millions d'euros.

Pour expliquer cette carence, la direction de l'agence de l'eau Seine-Normandie a évoqué un problème informatique... L'informatique en question n'a pourtant pas empêché qu'on verse à ces entreprises les subventions de l'agence de l'eau qui se montent à plus de 40 millions d'euros par an.