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- Lutte ouvrière n°2257
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Editorial
Ces boni-menteurs qui dirigent le pays et le monde
Jeudi 27 octobre à la télévision, Sarkozy a choisi le ton de l'instituteur s'adressant à une classe d'enfants attardés pour expliquer à quel point il a été bon la veille lors du sommet de Bruxelles. Sous son impulsion, les dirigeants des dix-sept États de la zone euro auraient, une fois de plus, « sauvé » la monnaie européenne, l'Europe et un petit peu le monde entier !
Et de nous expliquer que ce sauvetage ne coûtera même pas cher. Pas question d'austérité : « Taisez ce mot que je ne saurais entendre. »
Mais, le jour même, toute la presse parlait d'une hausse de la TVA. Ce ne serait pas une hausse généralisée, a répété Sarkozy. Tout le monde a compris qu'il y aurait bien une hausse, mais ciblée. Il est question de créer un taux entre celui à 5,5 %, qui frappe la plupart des produits alimentaires et le taux à 19,6 % sur les autres. En clair, une partie des produits taxés aujourd'hui à 5,5 % le seront à 7 %, 8 % ou plus.
La TVA est l'impôt le plus injuste qui soit. Que vous soyez milliardaire ou smicard ou chômeur, vous payez le même taux sur votre baguette de pain. Et la TVA rapporte bien plus à l'État que l'impôt sur les bénéfices des sociétés ou l'impôt sur la fortune. Le budget est alimenté pour l'essentiel par les gros sous des classes populaires.
Si le projet d'augmenter le taux des produits taxés aujourd'hui à 5,5 % se réalise, ce sont les produits consommés par les classes populaires qui subiront l'augmentation, et pas les produits de luxe. C'est une attaque de plus au pouvoir d'achat des salariés. Elle vient après la hausse des tarifs des mutuelles, les taxes sur les boissons sucrées et bien d'autres mesures destinées à prendre dans la poche de ceux pour qui chaque euro compte.
Le monde du travail subit déjà les attaques directes du grand patronat. Peugeot-Citroën vient d'annoncer la suppression de 6 000 emplois en Europe et la mise à la porte de 800 intérimaires rien qu'en France. Les grandes entreprises ont toutes la même politique. Elles ont toutes pour objectif de prendre sur leurs salariés de quoi préserver les dividendes des actionnaires. Elles visent toutes à faire faire plus de travail par moins de travailleurs et font pression sur leurs fournisseurs et sous-traitants pour qu'ils en fassent autant. Résultat : le chômage officiel talonne les 10 %, avec près de trois millions de chômeurs. Six millions en réalité si on compte tous ceux qui n'ont qu'un emploi précaire mal payé.
C'est à cette offensive du grand patronat que l'État ajoute la sienne. Et pourquoi ? Pour sauver une fois de plus ces messieurs les banquiers qui, à force de prêter à un taux usuraire à l'État grec, ont peur que ce dernier ne puisse pas les rembourser, intérêts faramineux compris. Les chefs d'État de la zone euro, tous aux ordres des groupes capitalistes et des banques, ont concocté une solution qui permet aux banquiers, non seulement de sauver leur mise, mais aussi de continuer à s'enrichir.
Une véritable campagne de presse est orchestrée en même temps pour propager le mensonge que les salariés d'ici paient pour aider les Grecs qui vivraient au-dessus de leurs moyens. Mais les médias ont beau mentir, leurs reportages montrent des travailleurs grecs licenciés, des retraités dont on a amputé la retraite, et même de petits commerçants qui ferment boutique parce que leurs clients des classes populaires n'ont plus les moyens d'acheter. Les dirigeants politiques qui volent au secours des banquiers ne sont pas en train de sauver le peuple grec, mais au contraire de l'étrangler.
Pas un centime des milliards des États européens n'ira aux classes populaires grecques. Tout est destiné aux banquiers.
Ne laissons pas détourner notre colère contre ceux qui ne sont pour rien dans les coups que nos dirigeants nous portent. Demain, c'est à nous que les menteurs professionnels expliqueront qu'avec 1 200 euros de salaire ou 600 euros de retraite, nous vivons au-dessus de nos moyens. Et tout cela pour que les riches parasites, les Dassault, Bettencourt, Peugeot et beaucoup d'autres, continuent à s'enrichir malgré la crise.
Si nous voulons sauver nos conditions d'existence, il faut refuser les mensonges. Notre seul salut, c'est de leur imposer par la lutte les objectifs qui nous permettent de préserver nos emplois et le pouvoir d'achat de nos salaires. Contre le chômage, il faut interdire les licenciements et répartir le travail entre tous sans diminution de salaire. Contre la perte du pouvoir d'achat, il faut une augmentation conséquente des salaires et leur indexation sur les hausses de prix, l'échelle mobile des salaires.
Éditorial des bulletins d'entreprise du 31 octobre