Air France : La direction n'a pas volé la grève02/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/11/une2257.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France : La direction n'a pas volé la grève

Contrairement à ce qu'a voulu faire croire la direction d'Air France, appuyée par le gouvernement, la grève des hôtesses et stewards, les PNC (personnel navigant commercial), n'a pas éclaté comme un coup de tonnerre dans un ciel serein lors du pont de la Toussaint. Il s'agit au contraire d'une réaction justifiée par le fait que la direction de la compagnie veut accroître fortement leur charge de travail.

Cette nouvelle attaque fait partie d'un plan généralisé d'Air France, annoncé récemment, qui cherche à faire des centaines de millions d'économies supplémentaires sur le dos de toutes les catégories de personnel. En fait, toutes les mesures que prend la compagnie ne visent que cet objectif. Ainsi, le 2 octobre, elle a lancé à Marseille sa première « base régionale », une réorganisation du service des navigants qui se solde par une baisse de ses coûts de 15 %, au détriment notamment des PNC.

Les médias le savent. Mais ils savent aussi qu'Air France est un grand pourvoyeur de recettes publicitaires pour la presse, alors la plupart ont fait chorus avec sa direction. D'abord, ils ont prétendu que la grève avait peu d'effets sur le trafic aérien. Cela contre toute évidence, vu les centaines de vols qu'Air France a dû annuler, malgré le recours à des cadres ou à des instructeurs pour remplacer les grévistes, malgré les vols sous-traités à d'autres compagnies, tandis que des vols présentés comme « maintenus » n'ont pu décoller qu'à moitié remplis, faute de personnel de cabine suffisant pour assurer la sécurité. Prenant acte de la réalité, les médias ont alors entonné leur rengaine antigréviste habituelle, en présentant les passagers comme « pris en otages » durant ce week-end de grands déplacements familiaux.

Autant dire que le grand public n'avait guère de chances d'apprendre la vérité. Les PNC en grève n'ont fait que se défendre contre des attaques devant prendre effet au 1er novembre. Car la direction de la compagnie veut réduire l'effectif de l'équipage de cabine, en le faisant passer de quatre à trois membres sur certains vols, tandis que sur d'autres les hôtesses et les stewards, en nombre inchangé, auraient à s'occuper de plus de passagers. À terme, sur les plus gros avions du long-courrier, l'équipage de cabine pourrait tomber de douze à neuf.

La charge de travail et la fatigue des PNC augmenteraient donc de façon notable, alors qu'ils ont aussi à assurer la sécurité des passagers, comme le rappelle un badge distinctif sur leur uniforme. Leur imposer un surcroît de travail ou un effectif amputé, c'est mécaniquement abaisser le niveau de sécurité des passagers... pris en otages par la politique d'économies de la direction d'Air France.

Dans son rôle de soutien à une direction qui s'en prend à ses salariés, le ministre des Transports a déclaré trouver « choquant » que ces travailleurs fassent grève ces jours-ci. Mais, bien sûr, cela ne choque pas ce monsieur ni ses pareils qu'Air France accroisse la fatigue de ses salariés et réduise la sécurité à bord de ses avions afin de doper ses profits.

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