Primaires socialistes : L'austérité au programme07/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2253.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Primaires socialistes : L'austérité au programme

Il faudra attendre dimanche 9 octobre pour connaître les noms des deux candidats qui seront choisis pour concourir au deuxième tour de la primaire socialiste, à moins que, contre tous les pronostics, l'élu à la candidature soit choisi dès le premier tour.

On saura alors qui, de Hollande ou d'Aubry, sauf surprise, défendra les couleurs du PS dans la course à l'Élysée. Mais on n'en saura guère plus sur les mesures qu'ils entendent prendre, s'ils sont élus, en faveur des classes populaires, c'est-à-dire de la fraction de la population qui constitue la majeure partie de leur électorat. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir la parole. Les six postulants à ces primaires ont eu largement l'occasion de se répandre dans la presse et sur les ondes.

Aucun engagement précis sur les salaires, mais des déclarations générales évoquant de possibles augmentations au cas où la croissance reviendrait, c'est-à-dire liées à la santé financière des entreprises. Et il y a aussi de vagues promesses concernant une amélioration du smic sur les cinq années du mandat présidentiel.

Peu de chose concerne la lutte contre les licenciements. Ségolène Royal se prononce pour l'interdiction des licenciements boursiers, en insistant sur le mot boursiers. En supposant qu'une telle disposition soit adoptée, cela promet d'interminables palabres pour savoir quand les licenciements seront boursiers ou pas. François Hollande propose, lui, d'imposer de lourdes amendes aux patrons qui procéderaient à des licenciements injustifiés, tandis qu'Aubry se déclare réticente à l'égard de la pénalisation de ce qui relève du dialogue social.

Tous se déclarent peu ou prou pour une réglementation rigoureuse des activités bancaires et financières, en développant l'idée qu'il faudrait réorganiser ces activités, en séparant les activités dites saines et vertueuses de ces banques de leurs activités douteuses, telle la spéculation. Comme si on pouvait ainsi réguler l'activité des banques, en isolant les deux activités ! Ainsi, dans la crise financière que nous subissons, que changerait le fait que les secteurs bancaires soient scindés en deux services, ou même deux banques portant des noms différents ? Cela n'empêcherait pas la spéculation de prospérer.

Le seul aspect sur lequel les six postulants socialistes se montrent fermes et précis, et en particulier les deux favoris de la compétition, Hollande et Aubry, c'est dans l'affirmation que la priorité reste au paiement de la dette de la France, comme ils disent.

Rien que ce préalable relativise toutes les promesses qu'ils pourraient faire, s'ils se décidaient à en faire. Car rembourser la dette ou plus modestement payer le service de la dette, c'est-à-dire le seul remboursement des intérêts et d'une faible partie du capital, celle qui arrive à échéance, c'est alimenter les profits des banques ou, pour dire les choses autrement, c'est leur fournir des aliments pour qu'elles puissent spéculer de plus belle et engraisser leurs actionnaires. Et avec quel argent ? Celui récupéré sur les contribuables, et en particulier sur les classes populaires. C'est pourquoi mettre en préalable le remboursement de la dette, cela signifie automatiquement une politique d'austérité imposée aux classes populaires. C'est ce que fait d'ailleurs, et avec une certaine brutalité, l'un des protagonistes du débat, Manuel Valls, qui ne s'embarrasse pas de précautions oratoires. Certes, il n'a aucune chance d'être consacré à l'issue de ces primaires, et c'est peut-être pourquoi il décrit avec franchise le sort qui attend les classes populaires lorsque les socialistes seront au pouvoir. Il faudra, dit-il, paraphrasant le chef du gouvernement britannique durant la Seconde Guerre mondiale, « du sang, de la sueur et des larmes ». En un mot, la même rigueur que celle que mettent en place les socialistes Zapatero en Espagne, Papandreou en Grèce... ou les hommes de droite en France et en Grande-Bretagne.

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