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Leur société
Pantin : La mort de six immigrants, victimes de la politique du gouvernement
Mercredi 28 septembre, six hommes jeunes sont morts à Pantin, carbonisés ou asphyxiés. Ils venaient de Tunisie et d'Égypte. Comme beaucoup d'autres migrants, ils étaient venus ici dans l'espoir de trouver un travail et une vie meilleure.
L'État est censé accueillir les réfugiés, même en situation irrégulière. Mais, comme le gouvernement ne crée pas les places d'accueil indispensables, les immigrants sont souvent abandonnés à leur sort et doivent subir, en plus, les harcèlements de la police. Le gouvernement les condamne donc à chercher refuge dans n'importe quel endroit, même insalubre et souvent dangereux.
Certains de ces travailleurs sont restés plusieurs semaines dans un square près de la porte de la Villette, dormant à même le sol. Ensuite, 26 d'entre eux ont trouvé refuge dans un petit immeuble industriel promis à la démolition, non loin des locaux de la luxueuse société Hermès et du consulat tunisien.
Mercredi 28, vers 6 heures du matin, le feu s'est déclaré. Plusieurs ont été brûlés et intoxiqués, mais ont sauvé leur peau en sautant par la fenêtre, se fracturant parfois un membre. Mais bloqués, par les flammes et des fenêtres munies de barreaux, six autres y ont laissé leur vie.
Le ministre Guéant, celui dont le ministère est chargé de la chasse et de l'expulsion des travailleurs sans papiers, est venu, fidèle à lui-même, dénoncer les marchands de sommeil : une diversion pour masquer la responsabilité du gouvernement de Sarkozy, qui a réduit drastiquement les crédits des structures d'accueil et tous les budgets sociaux, une politique qui, on le voit, peut s'avérer criminelle.
Ce drame a provoqué beaucoup d'émotion dans le quartier et un mouvement d'entraide et de solidarité vis-à-vis des survivants. Il est cependant révélateur du cynisme d'un gouvernement, aux petits soins pour les possédants d'ici, ou du monde arabe quand il s'agit d'y préserver les intérêts des industriels français, mais indifférent au sort des exploités des deux côtés de la Méditerranée.
Des mesures d'urgence ont été prises pour les survivants du drame de Pantin. Mais c'est pour tous les travailleurs migrants du pays qu'il faut exiger des conditions d'accueil durables et la régularisation, afin que la libre circulation des hommes ne demeure pas le privilège des nantis.