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Leur société
Naufrage de la banque Dexia : Il faut refuser de payer la facture
Les États français et belge s'apprêtent à venir au secours de la banque franco-belge Dexia, menacée de faillite à court terme en raison de ses spéculations hasardeuses et de ses difficultés à trouver des financements auprès des autres établissements financiers.
En 2008, à la suite de l'éclatement de la crise bancaire des subprimes, dans laquelle Dexia était largement impliquée, les mêmes -- l'État français et l'État belge -- étaient déjà venus à son secours, pour les mêmes raisons. À l'époque, les deux États avaient apporté leur garantie aux financements de la banque. Surtout, ils étaient entrés à son capital. À hauteur de trois milliards d'euros pour l'État français (dont deux milliards par l'intermédiaire de la Caisse des dépôts) et de trois milliards d'euros aussi pour l'État et les collectivités locales belges. Résultat, les deux États contrôlaient plus de 50 % du capital. Cela revenait, de fait, à une nationalisation... des pertes. Et ce n'était qu'un début.
Lundi 3 octobre, un conseil d'administration de la banque, réuni d'urgence à Bruxelles, a en effet décidé d'organiser son démantèlement. Les banquiers envisageraient de vendre les filiales ou activités, du moins celles qui seraient susceptibles de trouver acquéreur, de créer pour leur activité de crédit aux collectivités locales une filiale commune avec la Banque postale et la Caisse des dépôts, enfin d'extérioriser l'ensemble des actifs dits toxiques -- et invendables -- de la banque (il y en aurait pour près de 100 milliards d'euros) en les regroupant dans une structure spécifique créée à cet effet. Cette structure bénéficierait de la garantie des États belge et français. Ce qui reviendrait à leur transférer, et donc à transférer aux contribuables des deux pays, la charge des pertes à venir.
Rien n'est encore décidé. Il ne s'agit, de la part des patrons de la banque, que de propositions. Mais les ministres français et belge des Finances, dans un communiqué commun publié le 4 octobre, ont déjà assuré qu'ils prendraient, « en liaison avec les banques centrales, toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des déposants et des créanciers », s'engageant d'ores et déjà à « apporter leur garantie aux financements levés par Dexia ».
Après l'annonce du plan de démantèlement de la banque, le cours de l'action s'est effondré. En octobre 2008, pour entrer au capital de Dexia, l'État français et l'État belge avaient payé l'action 9,9 euros. Le 4 octobre, elle est tombée en dessous de 2 euros. Ce qui représente déjà, pour les deux États actionnaires et leurs citoyens, une perte de plus de 80 % : leurs six milliards d'actions ne valaient plus, ce jour-là, trois ans après, que moins de 1,2 milliard d'euros.
En France, le gouvernement s'est vanté de ce que son soutien aux banques à coups de milliards en 2008-2009 n'avait rien coûté à l'État, et qu'il lui avait même rapporté. C'est un mensonge. La suite a prouvé qu'on était loin d'en avoir fini avec la crise des banques.
Au total, la note du sauvetage de Dexia -- en l'occurrence il s'agit plutôt d'un naufrage -- risque de s'avérer salée. D'une façon ou d'une autre, c'est aux contribuables, aux travailleurs, que l'État présente et présentera la facture, sous forme de taxes nouvelles, d'augmentations d'impôts, de régression des protections sociales, d'appauvrissement de tous les services publics. Il n'y a aucune raison d'accepter cela.
Pour sauver les banques, il faudrait d'abord exproprier les banquiers ; faire en sorte que l'argent que centralisent les organismes financiers serve à financer l'économie réelle et les besoins de la population. Cela ne peut se faire qu'en unifiant les banques et en les plaçant sous le contrôle de la population.