Loi sur le médicament : Un cautère sur une jambe de bois07/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2253.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Loi sur le médicament : Un cautère sur une jambe de bois

Le mardi 4 octobre, le Parlement a voté le projet de loi sur la sécurité sanitaire du médicament, mis au point depuis le scandale du Mediator pour protéger davantage les malades. Xavier Bertrand, le ministre de la Santé, avait annoncé une réforme radicale et ambitieuse. Mais avec le texte présenté, il est certain que, contrairement aux dires du ministre, les relations entre les industriels de la santé et les médecins resteront aussi opaques.

Une autre mesure présentée comme essentielle est le remplacement de l'Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) par l'Ansm (Agence nationale de sécurité du médicament). Mais il y avait déjà eu en 1993, à la suite du scandale du sang contaminé le remplacement de l'Agence du médicament par l'Afssaps. Et on peut parier que l'Ansm ne pourra pas contrôler plus strictement les activités des laboratoires pharmaceutiques, ne serait-ce que parce que le projet de loi maintient la protection de la « confidentialité commerciale ». Donc, au nom du secret commercial, tout restera permis aux industriels.

Il en sera de même en ce qui concerne les liens entre les experts et les laboratoires. Le scandale du Mediator avait largement montré les liens personnels et financiers très étroits entre eux. Le dernier exemple de ces liens est celui de la lobbyiste de Servier et d'un professeur de médecine, ex-directeur de l'Inserm et ami de longue date d'un directeur de Servier, soupçonnés d'être à l'origine de retouches dans le rapport parlementaire sur le Mediator. Ces retouches bien sûr minimisaient les responsabilités de Servier et augmentaient celles de l'Afssaps. Et ce n'est pas l'obligation de déclarer sur cinq ans les liens d'intérêts entre médecins et laboratoires qui changera grand-chose, car le gouvernement a refusé d'inclure dans sa loi la nécessité de contrôler ces déclarations.

Alors, le poids des laboratoires sur le système de santé restera toujours aussi considérable, et le risque de voir survenir des scandales comme celui du Mediator toujours aussi grand.

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