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- Lutte ouvrière n°2249
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Dans le monde
Libye : Des nervis locaux font la chasse aux immigrés...
avec la complicité de grandes puissances
En Libye, les Noirs sont victimes d'agressions en série, dénoncées par Amnesty international et d'autres associations humanitaires. Derrière ces exactions, il y a des responsabilités : celle de l'Italie et de la France qui, depuis quelques années, sous-traitent aux pays du Maghreb le refoulement des travailleurs originaires des pays au sud du Sahara.
Des Noirs, hommes et femmes, sont attaqués dans la rue, chez eux ou jusque dans les hôpitaux. Selon les témoignages, leurs agresseurs les assimilent à des mercenaires à la solde de Kadhafi. En réalité, la Libye emploie environ deux millions de travailleurs venant des pays d'Afrique subsaharienne ainsi que de Tunisie et d'Égypte. Ils travaillent essentiellement dans le bâtiment. Mais, on fait également appel à eux pour des réparations, pour ramasser du bois, etc. Ces travailleurs immigrés constituent 30 % de la population du pays (contre moins de 6 % en France), vivant dans des conditions extrêmement précaires, à la merci de la police et des bandes armées.
En septembre 2000, des émeutes racistes avaient causé la mort d'une centaine d'immigrés. Les victimes avaient servi d'exutoire au mécontentement face à l'augmentation du chômage. Trois ans plus tard, quand Kadhafi avait commencé à renouer les relations avec les grandes puissances, les immigrés ont fait l'objet d'un marchandage. Le chef de l'État libyen s'étant proposé, moyennant finances, de faire le gendarme pour refouler les immigrés qui tentaient de chercher refuge en Europe. De son côté, l'Union européenne avait « fermé les yeux sur le terrible bilan en matière de droits de l'homme ».
En août 2008 un « traité d'amitié » était signé entre Kadhafi et le gouvernement italien de Berlusconi, représentant l'ancienne puissance coloniale ayant dominé la Libye. Les capitalistes italiens se voyaient ainsi attribuer de nouveaux marchés tandis que le dictateur s'engageait à participer à la « lutte contre le terrorisme et (...) l'immigration clandestine ». Des patrouilles conjointes en Méditerranée ont été organisées, ce qui n'a évidemment pas fait cesser l'émigration mais l'a reportée plus à l'Est, dans des conditions encore plus dangereuses. À plusieurs reprises, le gouvernement français s'est déclaré sur la même longueur d'onde.
Les représentants d'un monde impérialiste qui pille l'Afrique en semant la misère sont à l'origine d'un nombre incalculable de drames, tant pour ceux qui restent en Lybie que pour ceux qui tentent de franchir le Sahara puis la Méditerranée au péril de leur vie, afin d'essayer, malgré tout, d'entrer dans une Europe érigée en forteresse.