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- Lutte ouvrière n°2249
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Espagne : À deux mois des élections générales Le PSOE et le Parti populaire rivaux, mais alliés contre les classes populaires
Dans un peu plus de deux mois la population espagnole est appelée à participer aux élections générales anticipées d'où sera issue une nouvelle majorité.
Le nouveau postulant du PSOE Alfonso Perez Rucalbaca qui succède à José Luis Zapatero est donné comme perdant face au leader du parti de droite, le Parti populaire (PP) dont le numéro 1 est Mariano Rajoy. Largement gagnant lors des récentes élections régionales de mai 2011, le PP fait campagne en dénonçant l'incapacité du PSOE à résoudre les problèmes économiques et sociaux liés à la crise. Il promet rigueur et fermeté et trouve un écho, non seulement dans les milieux qui traditionnellement votent à droite, mais aussi parmi les électeurs de gauche déçus par la politique d'un gouvernement socialiste qui depuis des années impose sacrifices sur sacrifices aux classes populaires.
Dans ce contexte, les manoeuvres politiciennes de ces tout derniers mois, voire de ces dernières semaines, ne sont pas de nature à crédibiliser l'idée que les travailleurs, les chômeurs, les jeunes ont quelque chose de bon à attendre des leaders du PSOE. Caractéristique est, de ce point de vue, l'attitude commune adoptée par le PP et le PSOE concernant l'acceptation par l'État espagnol d'une « règle d'or budgétaire » imposant une limitation, inscrite dans la Constitution, de la dette publique. Cette « règle d'or » votée au Parlement et en cours de l'être au Sénat n'est, comme en France, qu'une mesure symbolique, sans effet, qu'un chiffon de papier. Mais elle sert, pour les dirigeants d'aujourd'hui et de demain, à justifier les mesures d'austérité qui vont être prises. Plus grave est sans doute l'accord affiché entre politiciens de droite et politiciens de gauche visant à généraliser davantage encore les contrats précaires et à faire baisser le coût des licenciements pour le patronat. Et l'on n'en finirait pas de recenser les mesures d'austérité, l'amputation des budgets publics qui rendront la vie de plus en plus difficile aux classes populaires.
Face à cette politique visant à faire payer aux pauvres la crise des riches, il n'y a pas d'issue à attendre du côté des élections. Il n'y a rien à attendre non plus d'un référendum totalement improbable visant à s'opposer au changement de la Constitution. En effet un tel référendum, même s'il pouvait servir à exprimer un mécontentement, serait de toute façon un leurre car la constitution ne protège la population d'aucun coup porté par les capitalistes et les politiciens qui les servent.
Alors, dans cette situation, la protestation de ceux que l'on appelle les « indignados » du mouvement du 15M semble rompre avec le consensus que voudraient instaurer les dirigeants politiques, rivaux peut-être mais ouvertement alliés pour imposer de nouveaux sacrifices. Les actions contre les expulsions, les rassemblements contre les injustices, les fermetures de centres de santé, etc., trouvent un écho dans les quartiers. Mais les indignados n'ont pas de boussole politique. Ils insistent sur la nécessaire « unité » du peuple, sur la nécesité d'un referendum et sur une référence incantatoire à une « démocratie réelle ». Dans cet esprit ceux qui structurent le mouvement rejettent toute référence au mouvement ouvrier, à ses traditions, au nom d'un apolitisme permettant toutes les manoeuvres politiques. En cela ils ne cherchent pas à ouvrir la voie à des luttes efficaces pour la défense des intérêts des classes populaires et du monde du travail.
C'est pourtant sur ce terrain qu'il faut avancer, car en Espagne comme ici, élections ou pas, il est important de mettre en place un autre rapport de forces entre ceux qui subissent la crise et ceux qui en profitent.