Montupet Fonderies du Poitou Alu Ingrandes (Vienne) : Au tribunal, les patrons en flagrant mensonge31/08/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2248.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Montupet Fonderies du Poitou Alu Ingrandes (Vienne) : Au tribunal, les patrons en flagrant mensonge

C'est à la mi-juillet que Montupet, le groupe de fonderie et sous-traitant de l'automobile qui contrôle la fabrique de culasses châtelleraudaise FDPA a annoncé brutalement son intention de baisser les salaires ouvriers de 15 % sous peine de licenciement, tandis que les salariés du 2e collège étaient menacés de perdre 14 jours de RTT.

Précisé lors d'un Comité d'entreprise le 25 juillet, le plan « d'amélioration de la compétitivité » s'avérait encore plus brutal, puisque les patrons y ajoutaient leur intention de réduire les horaires de 38 h 30 à 35 heures payées 35, et de dénoncer la grille de salaires en vigueur depuis vingt ans. La perte salariale avoisinerait ainsi 23 %, 350 à 500 euros par mois pour un salaire ouvrier.

Pour tenter de parer le coup de force à quelques jours du départ en congés, les syndicats ont engagé une procédure devant le tribunal de grande instance de Poitiers, qui s'est penché sur l'affaire mercredi 24 août.

À cette occasion, les quelques dizaines de travailleurs des Fonderies qui avaient interrompu leurs congés pour assister au procès ont pu entendre à quel point l'argumentation des patrons -- ici représentés par leur avocat -- était empreinte de cynisme, de culot et de mensonges.

Ainsi, lorsque l'avocate des syndicats rappela que la loi prévoit tout de même qu'en cas de modification aussi substantielle du contrat de travail les élus syndicaux disposent d'un délai suffisant d'information et de consultation, ajoutant que le minimum aurait au moins été d'attendre que soient déposées les conclusions d'un rapport d'expertise demandé avant l'été par le Comité d'entreprise dans le cadre d'un « droit d'alerte », l'avocat des patrons eut le culot de répondre que les élus avaient été informés « en temps réel » des projets de Montupet !

Comme si les dirigeants de Montupet n'avaient pris conscience de la situation soi-disant périlleuse de la fonderie que peu avant l'été... Comme s'ils n'avaient pas su, avant même de racheter FDPA en janvier 2010, que les finances de l'entreprise avaient été pillées par leurs prédécesseurs et que les deux fonds d'investissement qui se sont succédé n'avaient pas plus investi dans les moyens de production que Montupet lui-même depuis qu'il a repris la fonderie ! Comme s'ils avaient ignoré l'état du marché de la sous-traitance automobile !

Évidemment, les patrons savaient tout cela. Évidemment, ils avaient prévu dès 2010 que c'est en taillant à coups de hache dans les salaires qu'ils s'assureraient leur part. En faisant donner l'encadrement, en convoquant, en sanctionnant, ils ont simplement préparé le terrain, s'efforçant d'instaurer pendant des mois un régime de peur, avant de tenter leur mauvais coup au coeur de l'été.

Toujours selon les patrons et leur avocat, c'est la perte d'un marché avec BMW qui a rendu plus urgente encore la nécessité d'une amélioration de la compétitivité. Mais s'ils veulent baisser les coûts, pourquoi ne prennent-ils pas sur leur part, sur celle des actionnaires ?

Eux ont du « gras » à perdre, pas les travailleurs ! Et pourquoi l'argent accumulé par les propriétaires successifs -- quatre en dix ans !-- et par Renault, qui depuis l'origine des Fonderies n'a pas cessé d'être le donneur d'ordre principal, ne pourrait-il pas servir à garantir les emplois et les salaires ? Et ce d'autant plus que dans les autres usines Montupet de France, Châteauroux et Nogent-sur-Oise, depuis des semaines le travail tourne à fond, avec l'embauche massive d'intérimaires pour tenter de sortir les culasses demandées.

En attente de la décision que la juge a mise en délibéré jusqu'au 31 août, les travailleurs des Fonderies continuent à ne pas accepter de sacrifier des salaires déjà bien insuffisants, et à se préparer à la grève si les patrons ne remballent pas purement et simplement leur projet.

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