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- Lutte ouvrière n°2248
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Leur société
Les propositions de la CGT - emploi-salaires : Un programme au rabais
Lors de sa conférence de presse du 26 août, Bernard Thibault a annoncé : « La CGT met en avant 10 exigences pour cette rentrée, qui seront autant d'axes de campagne dans les entreprises, les professions, les territoires. » Et suivaient les propositions de la confédération en particulier sur les deux problèmes majeurs rencontrés par les travailleurs : le blocage des salaires et les licenciements.
Sur les salaires, la confédération annonce : « Nous revendiquons l'ouverture immédiate des négociations annuelles obligatoires par anticipation au titre de 2012. »
Pour contrer les licenciements, la revendication de la CGT est la suivante : « Il faut contraindre les entreprises à examiner sérieusement toutes les alternatives au licenciement. »
Voilà donc le programme que la direction de la CGT voudrait que ses militants reprennent à leur compte et sur lequel les travailleurs devraient se mobiliser ! On est vraiment tombé au degré zéro du programme revendicatif. Pas une seule revendication chiffrée, ou ayant la moindre consistance, pas une mesure capable de changer quoi que ce soit à la situation actuelle.
Sur les salaires, nul besoin d'avancer ou retarder les négociations annuelles obligatoires pour en savoir les résultats. Elles existent, elles sont dans la loi et, avec elles comme sans elles, le résultat est le même : il n'y a aucune augmentation générale de salaire qui en sort. Les patrons, eux, comme chacun le sait, ne connaissent qu'une chose : le rapport de forces. Et ils ont le sentiment qu'il est en leur faveur en ce moment. Le pire, si l'on peut dire, est qu'en plus les dirigeants CGT font comprendre que le problème des salaires serait un problème particulier à chaque entreprise, alors qu'il s'agit d'une offensive concertée de l'ensemble du patronat et du gouvernement, et qu'il est vital pour les travailleurs de faire front ensemble pour arriver à des résultats tangibles.
Quant à l'emploi, voilà que Thibault en est à proposer le peu qu'il y a déjà dans la loi, et depuis très longtemps. « Contraindre les entreprises à examiner sérieusement toutes les alternatives au licenciement » ? Mais c'est ce qu'elles font, quand elles proposent de baisser les salaires, de reprendre les droits sociaux, d'exiger que les travailleurs augmentent de 10, 20 % ou plus leurs cadences et leur temps de travail sans être payés. Ce qui ne les empêche pas de licencier après, quand elles le décident. Proposer de se battre pour ça ? Mais quel militant sincèrement soucieux de défendre ses camarades de travail et d'empêcher les licenciements oserait mettre cela en avant sans honte devant les travailleurs ?
Mais visiblement il ne s'agit pas d'un plan de lutte, même pas d'un programme revendicatif minimum. Il s'agit surtout de ne pas mettre en avant des revendications incompatibles avec ce que propose le PS, qui se prépare à l'alternance dans la continuité.
S'il faut se battre -- et il faudra se battre pour enrayer les attaques actuelles et celles qui se préparent -- il faut un programme qui en vaille la peine et qui change réellement le rapport des forces et apporte des garanties durables à tous les travailleurs. Sur les salaires, en plus de la revalorisation substantielle des salaires et des pensions, il faut absolument imposer leur revalorisation automatique en fonction de la hausse réelle des prix, au travers de l'échelle mobile des salaires. Pour empêcher les licenciements, il faut les interdire purement et simplement, en imposant la répartition du travail entre tous sans perte de salaire et le contrôle des travailleurs sur les comptes officiels et officieux des entreprises. Voilà ce qui doit être à la base d'un véritable programme de lutte pour les travailleurs, et non les renoncements officiels du programme mis en avant par les dirigeants confédéraux de la CGT.