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- Lutte ouvrière n°2248
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Editorial
Aux capitalistes de payer les dettes que l'État a faites pour les enrichir !
À nous d'imposer des mesures pour nous protéger du chômage et de l'inflation !
Que cela sonne bien « s'attaquer aux niches fiscales » ! L'expression a été inventée pour suggérer que la politique de rigueur dont le gouvernement nous rebat les oreilles vise aussi les privilégiés, ceux par exemple qui ont les moyens d'acheter des yachts, des hôtels ou des villas aux Antilles pour bénéficier d'un abattement fiscal.
Erreur ! Un mot supplémentaire a été glissé dans l'expression qui devient « niches fiscales et sociales ». Parmi les mesures étudiées dans le rapport commandé par le gouvernement, il y a même la suppression de l'abattement de 10 % sur les retraites ! Le ministre des Finances jure que « ce n'est pas à l'ordre du jour », mais la possibilité en a au moins été étudiée. Aux yeux des officines gouvernementales, les retraités rejoignent donc les milliardaires à la Bettencourt parmi les bénéficiaires des « niches fiscales et sociales » !
Quant au projet de supprimer les avantages fiscaux des particuliers qui emploient du personnel à domicile, cela concerne certes pour une large part les bourgeois grands et petits dont les impôts sont allégés lorsqu'ils embauchent domestiques et chauffeurs de maître. Mais cela concerne aussi des parents qui, faute de crèches en nombre suffisant, sont obligés d'en passer par des nourrices, ou des handicapés qui ne trouvent pas d'établissement pour les accueillir et sont contraints de solliciter l'aide d'assistants de vie.
En mettant tout le monde dans le même sac au nom de la « solidarité nationale », il s'agit encore de mesures qui frapperont plus les classes populaires que les riches.
Le mensonge de l'égalité devant les sacrifices est d'autant plus grossier que les entreprises du CAC 40 paient proportionnellement moins d'impôts que l'épicerie du coin et que les riches particuliers ont longtemps bénéficié du bouclier fiscal. L'allègement de l'impôt sur la fortune récemment décidé représente un cadeau aux riches dix fois plus élevé que ce que Fillon leur demande sous forme de taxe exceptionnelle.
Et rien que les taxes supplémentaires sur les sodas, les alcools et le tabac rapporteront six fois plus au budget que la contribution des plus riches ! Buveurs de Fanta et autre Orangina, même si vous êtes smicards ou chômeurs, vous aurez l'honneur d'apporter, à vous seuls, aux recettes de l'État un tiers à peu près de ce que rapporte la taxe sur les plus riches !
Quand ces gens-là parlent de rigueur, ils visent toujours les classes populaires. Et quand ils parlent de « solidarité entre Français », cela signifie que les pauvres doivent payer les dettes faites en faveur des riches.
Si l'État s'est endetté jusqu'au cou, ce n'est certainement pas parce qu'il a fait des cadeaux aux salariés, aux retraités ou aux chômeurs. L'État a vidé ses caisses et emprunté pour mettre des milliards à la disposition des banquiers, afin de les sauver des conséquences désastreuses de leurs propres spéculations. Il a emprunté pour financer la « prime à la casse » et autres subventions données au grand patronat pour le protéger des menaces de mévente.
L'actualité offre une autre illustration des bénéficiaires de l'argent de l'État. Les dirigeants du monde occidental, dont Sarkozy, se réjouissent bruyamment de la chute de Kadhafi. Personne ne regrettera le dictateur. Mais combien de morts dans la population et de destructions dues aux bombardements ? Et combien cela a-t-il coûté à l'État ? En revanche, combien la guerre aérienne a-t-elle rapporté, mais cette fois aux marchands d'armes, à commencer par Dassault ?
Et combien la guerre va-t-elle encore rapporter à Total pour le pétrole, à Bouygues et Vinci pour la reconstruction de ce que les bombes bien françaises ont détruit ? Le Medef projette même une réunion spéciale pour les patrons intéressés par les « nouvelles opportunités » en Libye. En attendant, le coût de la guerre a alourdi un peu plus encore la dette publique au nom de laquelle le gouvernement de droite comme l'opposition PS prêchent la nécessité de la politique de rigueur.
Les travailleurs n'ont pas à se sentir concernés par cette dette qui n'est pas la leur. Face à la crise, ils doivent au contraire réaffirmer leurs exigences vitales. Pour arrêter le chômage qui s'aggrave, interdiction des licenciements et répartition du travail entre tous sans diminution de salaire ! Pour contrer les effets des hausses de prix, échelle mobile des salaires et des pensions de retraite !
Éditorial des bulletins d'entreprise du 29 août