Spéculation hightech : Gagner des milliards... en quelques microsecondes24/08/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/08/une2247.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Spéculation hightech : Gagner des milliards... en quelques microsecondes

La technique aidant, la spéculation est devenue une folle course de vitesse afin de réduire le temps nécessaire pour une transaction. « En 1991, j'avais des machines qui travaillaient en 2,5 secondes. Il y a cinq ans, on était content quand on arrivait à quelques dizaines de millisecondes. Aujourd'hui, on parle en dizaines de microsecondes », a déclaré un courtier londonien cité par le journal La Tribune du 13 juillet, dans le cadre d'une enquête sur le « courtage à haute fréquence ».

Pourquoi cette précipitation ? Pour gagner de l'argent à la Bourse, en jouant par exemple sur les différences de prix d'une même action entre deux places boursières. Après que les ordinateurs des banques ont repéré ces différences de cours, les courtiers achètent les actions là où elles sont moins chères, pour les revendre presque instantanément un peu plus cher. Le temps est alors primordial : « Si vous réagissez une microseconde après quelqu'un d'autre, il est déjà trop tard », explique un autre courtier.

Chaque opération ne rapporte presque rien, mais la quantité des transactions permet de faire des profits très importants. En 2009 aux États-Unis, le courtage à haute fréquence aurait rapporté 7,2 milliards de dollars de profits.

Toutes ces opérations se font automatiquement. Pour gagner de précieuses microsecondes ne serait-ce qu'en réduisant les câbles de transmission, les grandes banques louent très cher des emplacements pour leurs ordinateurs à l'intérieur des centres informatiques des Bourses. Seules les très grandes banques peuvent participer efficacement car, pour jouer à ce jeu-là, les investissements sont très lourds. L'Autorité des marchés financiers craint d'ailleurs l'apparition d'un « marché à deux vitesses », entre ceux qui peuvent se payer les infrastructures informatiques nécessaires, et les autres.

Que l'on puisse gagner des milliards sans rien produire, simplement en jouant sur la vitesse des transactions, cela juge la folie d'un système où, par ailleurs, l'argent manque pour construire des réseaux d'eau potable, des hôpitaux et bien d'autres choses indispensables aux populations du monde entier.

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