La chute des cours de la Société générale : Rumeurs et spéculation24/08/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/08/une2247.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La chute des cours de la Société générale : Rumeurs et spéculation

Depuis le 10 août, les journaux brodent sur les causes de l'effondrement boursier de la Société générale. En effet, ce jour-là, les actions de la deuxième banque française par sa capitalisation ont chuté de près de 15 %.

Immédiatement après, les dirigeants de la Société générale avaient accusé les « fausses rumeurs » d'être à l'origine de cette chute. Ces « rumeurs » malfaisantes seraient parties d'un journal anglais, Mail of Sunday, qui avait écrit quelques jours auparavant que la banque « se trouvait dans un état périlleux et potentiellement au bord du désastre », article repris par plusieurs journaux et radios.

Le président de la banque s'est alors répandu sur les ondes pour affirmer que tout était faux, et les journaux ayant publié ces rumeurs se sont sentis obligés de publier des démentis.

Les informations à l'origine de la rumeur n'étaient sans doute pas sérieuses et propagées sur Internet sans la moindre vérification. Mais était-ce tellement différent de ce qui se produit d'habitude ?

En fait, la véracité des informations importe peu dans les décisions des organismes financiers, quand ils décident d'acheter ou de vendre. L'important pour eux est le résultat immédiat de l'opération. N'importe quoi, y compris du vent, peut avoir des conséquences, pas seulement pour les cours boursiers, mais pour l'ensemble de l'économie. Les rumeurs en question n'ont d'ailleurs pas seulement affecté les cours des actions de la Société générale. Le même jour, par contamination immédiate, BNP Paribas a perdu 9 %, le Crédit agricole 12 %, et l'ensemble des sociétés du CAC 40 5,45 %.

Les mécanismes de la spéculation -- acheter un titre avant qu'il ne monte, ou le vendre avant qu'il ne baisse -- ne sont fondés le plus souvent que sur des anticipations, des paris ou des rumeurs. Il s'agit d'essayer de savoir avant les autres, en glanant des informations financières non publiques -- le délit d'initiés -- ou en écoutant derrière les portes -- les rumeurs. Et de là à les inventer et à les répandre, il n'y a qu'un pas.

Ce qui s'est produit pour la Société générale n'est donc pas l'exception, mais la règle, et le pire est que c'est ce mode de fonctionnement qui gouverne le monde capitaliste.

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