Sarkozy - Merkel : D'accord pour prêcher l'austérité à tout le continent17/08/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/08/une2246.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy - Merkel : D'accord pour prêcher l'austérité à tout le continent

La rencontre entre Angela Merkel et Sarkozy, à Paris le 16 août, était censée répondre à la crise qui a secoué pendant plus d'une semaine les places boursières, et en particulier celles de la zone euro. Mais si elle a confirmé quelque chose, c'est l'impuissance des gouvernements face à la crise financière, y compris les gouvernements des deux économies les plus fortes, la France et l'Allemagne, qui prétendent donner le la dans l'Union européenne.

Merkel et Sarkozy se sont donné la main pour pouvoir montrer que, face à la crise, les deux gouvernements parlent d'une même voix. Mais pour dire quoi ? Du sommet sont sorties quelques pétitions de principe : il faudrait un gouvernement économique de la zone euro pour sauver sa monnaie ; insérer dans l'agenda du G 20 la discussion d'une taxe sur les transactions financières, vieux serpent de mer qui émerge régulièrement ; enfin l'introduction de la fameuse « règle d'or » chère à Sarkozy dans les constitutions des 17 pays de la zone euro. Ceux-ci s'engageraient ainsi à n'adopter, quoi qu'il arrive, que des budgets en équilibre.

Tout cela n'est que de la poudre aux yeux. Le « gouvernement économique » de la zone euro qui se réunirait tous les six mois n'aurait évidemment aucun pouvoir. Renvoyer la taxe sur les transactions financières au G 20 signifie surtout qu'aucun des deux gouvernements n'en prendra l'initiative et, à supposer même qu'elle soit adoptée un jour, chacun sait que le montant ridicule évoqué de 0,5 % ne dissuadera aucun spéculateur.

Quant à la « règle d'or » émanant de deux gouvernements qui ont été les premiers à creuser le déficit de leurs budgets en débloquant des centaines de milliards d'aides aux banques, que peut-elle signifier ? Il est vrai qu'en la renvoyant à une adoption par les 17 constitutions des pays de la zone euro, Sarkozy et Merkel ne risquent pas d'y être contraints de sitôt. En revanche ils se donnent le moyen de continuer à en parler et de se donner ainsi une image de rigueur à bon compte, ce qui après tout est le but principal, électoraliste et politicien, de l'opération.

Au passage, Sarkozy a accepté d'écarter l'hypothèse de l'émission par la banque centrale européenne d'« euro-obligations », ce qui aurait été un moyen de mutualiser la dette publique des pays de la zone, mais à laquelle les dirigeants allemands sont opposés car cela signifierait que l'Allemagne accepte d'assumer une partie de la dette des pays financièrement plus fragiles, y compris la France.

Ainsi il ne reste de ce sommet qu'une leçon de morale où, face à la crise boursière, Merkel et Sarkozy s'inclinent devant les spéculateurs pour déclarer qu'il faut réduire la dette des États, non pas en cessant de payer pour les banques, mais en coupant dans les dépenses publiques, de préférence celles qui sont utiles à la population.

Ce qui s'est produit en Grèce, avec des plans d'austérité successifs qui n'ont fait qu'accentuer la crise, en Espagne, en Irlande, au Portugal et maintenant en Italie et en France, voilà la seule politique que les dirigeants européens sont capables d'imaginer et qu'ils voudraient dicter dans tous les pays pour satisfaire les financiers. Cela ne résoudra rien et ne promet que d'enfoncer un peu plus leurs pays dans la spirale de la crise.

Impuissants contre la spéculation, les Sarkozy, Merkel et leurs semblables se retournent contre les classes populaires du continent pour leur promettre de nouvelles privations et de nouvelles souffrances. S'il y a quelque part un « gouvernement économique » de la zone euro, c'est celui des capitalistes spéculateurs.

Partager