Un an de politique d'expulsion des Roms La chasse aux plus pauvres continue27/07/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/07/une2243.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Un an de politique d'expulsion des Roms La chasse aux plus pauvres continue

Un an après le discours du 30 juillet 2010 prononcé à Grenoble par Nicolas Sarkozy appelant à démanteler les campements de Roms et à procéder à des expulsions massives, Médecins du Monde dénonce l'aggravation de la précarité dans laquelle s'enfonce cette population.

En 2010, plus de 9 000 Roms, sur environ 15 000 présents en France, ont été expulsés, et les trois quarts des 600 à 700 campements ont été démantelés. Le gouvernement français avait promis de mettre en oeuvre des moyens pour les aider une fois de retour en Roumanie ou en Bulgarie, mais rien n'a été fait. En revanche les expulsions à répétition se poursuivent ; elles représentent même un tiers du total des reconduites à la frontière. La plupart des Roms d'origine roumaine ou bulgare reviennent ensuite malgré tout, poussés par la misère plus grande encore qui règne dans ces pays.

Une fois en France, les Roms sont réduits à vivre dans des bidonvilles dans lesquels il n'y a souvent accès ni à l'eau, ni à l'électricité. Sur la majeure partie des terrains, il n'y a pas non plus de toilettes, ni de ramassages des déchets, ce qui entraîne des problèmes graves de santé. La précarité des constructions de fortune dans ces bidonvilles ou ces squats entraîne de nombreux dangers : risque d'incendie, d'effondrement, d'intoxication, risques d'épidémie. Les enfants en bas âge ne sont pas vaccinés, même contre la diphtérie, le tétanos et la polio, vaccins pourtant obligatoires. La mortalité infantile est cinq fois plus importante que dans l'ensemble de la population française. Le nombre de cas de tuberculose diagnostiqués est très élevé, six cas pour 240 personnes en Seine-Saint-Denis, soit 2,5 % contre 0,03 % pour la population sur l'ensemble du département.

La politique d'expulsion systématique conduit à aggraver encore ces conditions de vie déjà extrêmement précaires.

« On vit comme des chiens, mais je veux rester en France et qu'on me donne le droit de travailler. Je suis Roumain donc citoyen européen, je ne comprends pas pourquoi ce n'est pas possible », déclarait un habitant du camp de Roms de Saint-Martin-d'Hères, dans l'Isère, cerné par la policiers venus distribuer des avis d'expulsion à 65 adultes, le mardi 26 juillet. Cent vingt personnes vivent dans ce bidonville, toutes originaires d'un village de Roumanie détruit par les inondations il y a trois ans.

Il y a un an, Sarkozy avait justifié sa politique toute dictée par le souhait de plaire à l'électorat d'extrême droite, en désignant les Roms comme responsables des problèmes de sécurité dans le pays. Mais la menace pour les classes populaires, c'est cette politique menée par les Sarkozy, Fillon et autres qui, avec le cynisme de ceux qui défendent les plus riches, s'attaquent d'abord aux plus pauvres pour mieux pouvoir s'attaquer à tous les autres.

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